Au Salvador, elle fait une fausse couche après avoir été violée : trente ans de prison

Publié le 8 juillet 2017 à 8h02, mis à jour le 8 juillet 2017 à 8h11
Au Salvador, elle fait une fausse couche après avoir été violée : trente ans de prison

SCANDALE - Une étudiante de 19 ans a été condamnée à trente ans de réclusion criminelle, au Salvador, pour avoir fait une fausse couche après un viol. Dans son pays, l'avortement est illégal en toutes circonstances, et sans exception.

Evelyn Beatriz Hernandez Cruz a 18 ans lorsqu'elle fait une fausse couche dans les toilettes de sa maison, à Cuscatlan, un village reculé de l'est du Salvador. Quelques mois plus tôt, elle avait été violée plusieurs fois par un homme, membre d'un gang. Nos confrères du Guardian, jeudi 6 juillet, nous apprennent l'impensable : la justice de son pays a condamné cette jeune femme à trente ans de prison, pour ce qu'elle considère être un "homicide".

Comment cela est-il possible ? Au tribunal, la juge a suivi les réquisitions du procureur. Selon lui, Evelyn Beatriz Hernandez, alors étudiante, n'est pas allée chercher les secours quand elle a commencé à ressentir des douleurs au ventre car elle ne désirait pas l'enfant et l'a ensuite jeté dans les toilettes avec l'intention de le tuer. 

Au Salvador, l'avortement est illégal en toutes circonstances

De son côté, la jeune femme a soutenu, tout au long de la procédure, n'avoir réalisé qu'une fois à l'hôpital qu'elle venait de faire une fausse couche. Bien qu'elle fut dans son troisième trimestre de grossesse, Evelyn Beatriz Hernandez assure qu'elle ignorait être enceinte. Un cas vraisemblabe de déni de grossesse que le tribunal n'a pas voulu entendre. Après avoir été maintenue menottée pendant une semaine à l'hôpital, dans un état de sévère dénutrition, elle a été jetée en prison. Et ne devrait pas en sortir de sitôt si l'on s'en rapporte à sa condamnation. 

Il faut savoir que depuis une modification du code pénal en 1998, le Salvador figure parmi les pays au monde où l'avortement est puni par la loi, en toutes circonstances et sans exception, comme au Honduras ou au Suriname, par exemple. Un rapport de Amnesty International nous éclaire, en novembre 2015, sur "le traumatisme et la pauvreté" engendrée par cette interdiction, pour les femmes du Salvador. On y comprend que l'histoire d'Evelyn Beatriz n'est guère isolée. En réalité, les femmes qui subissent une fausse couche ou une urgence obstétrique sont accusées d'avoir avorté illégalement... et donc emprisonnées. Fin 2015, elles étaient 19 femmes à se trouver derrière les barreaux pour ces raisons : une majeure partie d'entre elles étaient trop pauvres pour s'acheter une bonne défense. Quant à l'avocat de la dernière étudiante condamnée à ce jour, qui dénonce une "décision injuste", "fondée sur la morale et non sur la loi", il a d'ores et déjà annoncé qu'il ferait appel. 


La rédaction de TF1info

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