Catalogne : la victoire des indépendantistes, un premier pas vers la sécession ?

Publié le 28 septembre 2015 à 7h00
Catalogne : la victoire des indépendantistes, un premier pas vers la sécession ?

RÉSULTATS - Les Catalans ont donné dimanche une nette victoire aux partis indépendantistes, qui obtiennent la majorité des sièges. Mais ils n'ont pas recueilli la majorité des voix, souligne Madrid, et une sécession d'avec l'Espagne est loin d'être acquise.

Restera, restera pas ? Dimanche soir, les indépendantistes catalans, emmenés par le président sortant Artur Mas, ont emporté la majorité absolue des sièges au Parlement local, rassemblant 72 sièges sur les 135 selon les résultats définitifs. Les autres votes se seraient portés surtout sur les libéraux de Ciudadanos (25 sièges), résolument opposés à l'indépendance, qui deviendraient le second parti de Catalogne , le Parti socialiste (16 sièges) qui prône une révision de la Constitution pour accorder plus d'autonomie aux Catalans, et à la gauche radicale ralliée autour de Podemos, nouveau parti anticapitaliste allié du grec Syriza. Le Parti Populaire de M. Rajoy s'effondre, passant de 19 à 11 sièges.

Et même si seulement 47,8 % des électeurs ont apporté leurs voix aux partisans de la scission, pour les indépendantistes, réunis au sein de la coalition "Junts Pel Si" (ensemble pour le oui), le message est clair : les Catalans veulent se séparer du pouvoir Madrilène. "Notre impression, c'est qu'il y a une majorité souverainiste claire et nette en faveur de l'indépendance" a ainsi déclaré l'un des directeurs de la campagne de Junts Pel Si, avant même l'annonce officielle des résultats. "Nous avons gagné", a clamé un peu plus tard Artur mas.

L'Espagne ne veut pas laisser la Catalogne lui échapper

Les conséquences de cette victoire sont toutefois loin d'être évidentes. En cas de victoire, Artur Mas avait promis qu'il ferait de la Catalogne un Etat à part entière avant dix-huit mois. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. L'Espagne n'a en effet pas du tout l'intention de laisser l'une de ses régions les plus importantes – la Catalogne représente à elle seule 19 % du PIB espagnol, un quart de ses exportations et en est la première destination touristique – lui échapper.

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C'est ainsi qu'un statut, négocié avec le gouvernement de José Luis Zapatero en 2006, a été cassé par le Tribunal constitutionnel, qui a ensuite réservé le même sort à un référendum symbolique organisé en novembre 2014, lequel a été simplement déclaré illégal. Et Mariano Rajoy, l'actuel Premier ministre du pays, n'a pas l'intention de changer de ligne directrice. Il a été jusqu'à faire passer une loi lui permettant de remercier un fonctionnaire qui ne respecterait pas la constitution. Une façon de garder la main sur la gestion des affaires locales.

L'Europe n'en veut pas non plus

Sans compter que les autres chefs d'Etat européens eux-mêmes ne sont pas vraiment enthousiastes à l'idée de la création d'un Etat catalan. Ils craignent en effet qu'après Barcelone, d'autres régions ne ressentent des poussées indépendantistes : Flandres, Ecosse, Corse ou encore Pays basque pourraient à leur tour réclamer une scission. Ce qui explique que nombre d'entre eux, David Cameron en tête, martèlent qu'une scission d'avec l'Espagne mettrait la Catalogne à la porte de l'Union européenne.

Une menace lourde de conséquences puisque, sans euro pour donner confiance aux investisseurs étrangers et sans espace Schengen pour faciliter la circulation des marchandises, le nouvel Etat se retrouverait extrêmement isolé. Au risque de donner raison aux prédictions funestes de Madrid, qui prédit un effondrement des retraites et une explosion du chômage dans la région si elle venait à prendre son indépendance.

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La rédaction de TF1info

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