Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie : "frustrée", Carla del Ponte "abandonne"

Publié le 7 août 2017 à 7h53
Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie : "frustrée", Carla del Ponte "abandonne"
Source : FABRICE COFFRINI / AFP

DÉMISSION - L'ex-procureure spécialiste du crime de guerre Carla Del Ponte a annoncé ce dimanche 6 août qu'elle allait bientôt quitter la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie, dont les travaux vont malgré tout se poursuivre. Elle se dit "frustrée".

"Je suis frustrée, j'abandonne ! J'ai déjà écrit ma lettre de démission et vais l'envoyer dans les prochains jours". C'est en ces termes que Carla del Ponte, membre de la commission d'enquête de l'ONU sur les crimes en Syrie, a justifié son départ. Elle l'a annoncé dans une interview donnée au journal suisse Blick depuis le festival du film de Locarno, dans le Tessin, sa région natale.

Elle explique également qu'elle participera encore à la session du Conseil des droits de l'Homme qui se tiendra en septembre prochain à Genève, puis s'en ira. De son côté, la Commission indique avoir été prévenue par Mme Del Ponte "à la mi-juin" et salue sa "contribution" et ses "efforts", mais estime que "le travail doit se poursuivre".

Je ne peux plus être dans cette Commission qui ne fait absolument rien
Carla del Ponte

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"Je ne peux plus être dans cette Commission qui ne fait absolument rien", explique Carla Del Ponte, accusant les membres du Conseil de sécurité "de ne pas vouloir établir la justice". La Commission a demandé à de maintes reprises que le Conseil de sécurité saisisse la Cour pénale internationale dans le dossier syrien, mais la Russie, allié de Damas, s'y oppose. "Au début, il y avait le bien et le mal. L'opposition du côté du bien et le gouvernement dans le rôle du mal", estime Mme Del Ponte.

Désormais, "tous en Syrie sont du côté du mal. Le gouvernement Assad a perpétré de terribles crimes contre l'humanité et utilisé des armes chimiques. Et l'opposition n'est désormais composée que d'extrémistes et de terroristes", juge-t-elle. "Croyez-moi, des crimes horribles comme ceux commis en Syrie, je n'en ai pas vus au Rwanda, ni dans l'ex-Yougoslavie", raconte encore celle qui a travaillé sur les conflits majeurs de ces 30 dernières années.

Elle était en poste depuis 2012

Un franc-parler qui lui ont déjà valu des inimitiés au cours de sa carrière. Une carrière au cours de laquelle, elle a été nommée procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie fin 1999. Avec sa ténacité, elle a réussi à obtenir qu'un ancien chef d'Etat, le Serbe Slobodan Milosevic, réponde de crimes de guerre devant la justice internationale, une première.

Cette soif de justice a guidé les choix de Mme Del Ponte, de ses investigations contre la mafia aux côtés du juge italien Giovanni Falcone aux enquêtes qu'elle a menées dans les milieux financiers suisses lorsqu'elle était à la tête du parquet fédéral dans les années 1990. Mme Del Ponte avait rejoint la Commission d'enquête onusienne en septembre 2012.

Le conflit syrien a fait plus de 330.000 morts

La Commission d'enquête indépendante de l'ONU a été créée en août 2011 par le Conseil des droits de l'homme, quelques mois après le début du conflit syrien.  Déclenché en mars 201, par la répression de manifestations pro-démocratie et opposant initialement armée et rebelles, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des années. Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés. Présidée par le Brésilien Paulo Pinheiro, la Commission a déjà rendu de nombreux rapports mais n'a jamais été autorisée par Damas à se rendre en Syrie.


La rédaction de TF1info

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