Elections américaines : pourquoi Donald Trump n'a pas pris ses distances avec le Ku Klux Klan

Publié le 29 février 2016 à 16h20
Elections américaines : pourquoi Donald Trump n'a pas pris ses distances avec le Ku Klux Klan

DECRYPTAGE - Un ancien leader de l'organisation extrémiste Ku Klux Klan a affiché publiquement son soutien à Donald Trump vendredi. Mais celui-ci a fait un choix inattendu en refusant de désavouer ce soutien. Comment comprendre ce choix ? Eléments de réponse.

C'est un soutien pour le moins inattendu. Ce week-end, à quelques jours du "Super tuesday" où les militants républicains de douze grands Etats devront choisir leur candidat préféré en vue de l'élection présidentielle, Donald Trump a reçu l'appui de David Duke, personnalité publique d'extrême droite et ancien chef de file du Ku Klux Klan. "Voter contre Donald Trump reviendrait à trahir votre héritage", a déclaré ce dernier lors d'une émission de radio, ajoutant qu'il "approuvait" la candidature du magnat controversé. "J'espère qu'il fera tout ce que nous espérons qu'il va faire".

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N'importe quel politique aurait immédiatement condamné des propos qui risquent de lui coller une image de "candidat de l'extrême droite". Mais pas Donald Trump. Le milliardaire a ainsi adopté une stratégie proche du flou artistique, en commençant par se démarquer de David Duke, puis en revenant sur ses propres déclarations, pour expliquer qu'il ne connaissait pas l'ancien leader du KKK et qu'il ne pouvait donc pas le condamner sans en savoir plus.

"Le KKK ne compte plus qu'une poignée de militants"

La stratégie a de quoi surprendre. Car si le Ku Klux Klan a pu avoir une influence forte sur la société américaine, en comptant jusqu'à quatre millions de membres au milieu des années 1920 (selon le Southern Poverty Law Center, qui mène aux Etats-Unis une veille des groupes extrémistes), il ne compte guère plus de quelques milliers de membres aujourd'hui. "Le KKK ne compte plus qu'une poignée de militants hyper-radicaux", explique à metronews Thomas Snégaroff, spécialiste des Etats-Unis à l'Iris. Qui ajoute : "Si, en ne se démarquant pas de David Duke, Donald Trump fait un pari politique en vue de remporter les votes des Etats du sud, c'est extrêmement dangereux pour lui car ses adversaires ne manqueront pas d'exploiter la faille."

Le "choix payant" de Donald Trump

C'est déjà ce qu'a commencé à faire son principal adversaire dans le camp républicain, Marco Rubio, qui, depuis quelques jours, n'hésite plus à lâcher ses coups contre le milliardaire. Pour autant, et paradoxalement, si la brèche ouverte par les déclarations de David Duke apparaît effectivement idéale pour faire vaciller la citadelle Trump, pas sûr que les coups portent vraiment. La faute, peut-être, à la construction-même de cette candidature atypique dans l'histoire récente de la politique américaine.

"En se présentant comme 'anti-politique', à contre-courant des idées de ses adversaires, Donald Trump a réussi à rassembler un grand nombre d'électeurs en colère, déçus par la classe politique, décrypte François Durpaire, spécialiste des Etats-Unis, également interrogé par metronews. "Un choix payant, puisqu'il occupe toujours la première place dans la course à l'investiture de son parti", poursuit le spécialiste, pour qui la polémique David Duke n'aura, de ce point de vue, aucun effet sur la trajectoire du rouleau-compresseur Donald Trump. Reste à savoir, toutefois, si ce qui peut marcher pour la primaire républicaine rencontrera le même succès lors de l'élection générale, le 8 novembre prochain.

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La rédaction de TF1info

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