Emirats arabes unis, Géorgie, Turquie : piégées par le père de l'une d'elles, un couple de lesbiennes vit un cauchemar

C.C.
Publié le 5 mai 2017 à 18h32
Emirats arabes unis, Géorgie, Turquie : piégées par le père de l'une d'elles, un couple de lesbiennes vit un cauchemar

(MAUVAISE) AVENTURE - Jimena Rico et Shaza Ismail ont vécu un enfer ces dernières semaines. En cause : leur homosexualité. Le jeune couple, résidant à Londres, pensait rendre visite à de la famille à Dubaï. Mais il s'agissait d'un piège tendu par le père de Shaza. Menaces de mort, séquestration, fuite en Turquie et emprisonnement ont jalonné leur douloureux périple jusqu’à leur retour, saines et sauves, en Espagne.

L’histoire, surréaliste, a fait le tour des médias espagnols et britanniques ces derniers jours. Il y a un mois Jimena Rico, une Espagnole de 28 ans, et Shaza Ismail, une Egyptienne de 21 ans, vivaient leur amour au grand jour à Londres, la ville où elles se sont rencontrées. Mais un appel du père de Shaza Ismail va les conduire dans un terrible périple. Les jeunes femmes souhaitent aujourd’hui relater cette histoire à la presse parce que cela "pourrait aider beaucoup de personnes qui sont opprimées pour leur homosexualité", explique la jeune Espagnole.

Retour sur les faits. Le 14 avril, le couple quitte Londres pour Dubaï pour rendre visite à la mère de Shaza Ismail, hospitalisée selon les dires du père. A leur arrivée, elles découvrent que "c’était un piège", explique Jimena Rico à nos confrères de la BBC. "Il a menacé de nous tuer et nous a dit que nous pourrions aller en prison pour être lesbienne". Le père aurait alors enfermé sa fille dans une pièce de la maison. Mais les deux jeunes femmes parviennent à s’échapper. Direction l’aéroport où elles prennent un vol pour Tbilissi, en Géorgie. Elles espèrent ensuite prendre une correspondance pour Londres.

Passeports confisqués

Elles n’en auront malheureusement pas le temps. Un voisin de la famille Ismail les poursuit et les dénonce. Le père de Shaza, accompagné d’un avocat, arrive à les rattraper dans l’aéroport géorgien. Il tente de retenir sa fille par la force et lui prend son sac à dos où sont logés les passeports des deux femmes, avant que la police n’intervienne. Les trois protagonistes sont arrêtés. 

Une fois libérées, Shaza et Jimena partent ensuite en bus à Samsun, dans le nord de la Turquie. Sans papier, elles y seront détenues une dizaine d’heures par la police locale. La plus âgée des deux envoie via l’application Whatsapp un appel au secours à sa famille en exposant la situation. Elle précise qu’elles tentent de se rendre en bus à Istanbul, d’où un ami basé à Londres leur a réservé un hôtel, rapporte Metro UK. Sa mère raconte également que, dans son message, sa fille la prévient : "Si je n’appelle pas à midi, c’est que quelque chose de grave s’est passé". Elle ne rappellera jamais.

BBC

Prison turque

La mère de Jimena reçoit rapidement un appel du père de Shaza. Il affirme avoir perdu la trace des deux jeunes filles à Tbilissi. "Il semblait très angoissé", raconte-t-elle à nos confrères de Metro UK. Les polices espagnole et turque sont mises en contact pour retrouver leur trace.

Après investigations, le ministère des Affaires étrangères espagnole déclare dans un communiqué que le couple a une nouvelle fois été arrêté à Samsun. Les deux femmes sont soupçonnées cette fois "d’avoir des liens avec le terrorisme". 

Jimena et Shaza sont emmenées à Istanbul où elles sont emprisonnées. Elles ont toutes deux signé des papiers qu’elles ne comprenaient pas, explique aujourd’hui la jeune femme espagnole. Leur traitement est "inattendu, inhumain et horrible", poursuit-elle. Après trois jours de négociations, les autorités espagnoles parviennent à les libérer, elles sont autorisées à prendre un vol pour Torrox, dans le sud de l’Espagne, où les attend la famille Rico.

"Je pensais que nous ne sortirions pas (de prison)", détaille Jimena. "Ils m’ont dit que je pouvais partir mais que Shaza devait rester, et j’ai dit que je ne partirai pas sans elle."

ARCHIVES VIDEO - A Dubaï, le statut de la femme en progrèsSource : JT 20h WE
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Le père nie

Le père de Shaza Ismail a cependant une toute autre version. Interviewé par la chaine espagnole Antena 3, il assure qu’il n’a pas piégé sa fille. "Je lui ai demandé de venir à la maison et de parler du fait qu’elle était lesbienne car elle nous l’avait dit par texto", raconte-t-il. "Elle est sortie du placard comme ça, en envoyant à sa mère un texto." 

Selon lui, il n’aurait pas non plus confisqué les papiers de Shaza à l’aéroport de Tbilissi mais seulement un papier tiré de son ancien passeport. 


C.C.

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