Inculpation des gardiens de prison de Jeffrey Epstein, mort avant son procès pour pédocriminalité

Publié le 19 novembre 2019 à 22h53
Inculpation des gardiens de prison de Jeffrey Epstein, mort avant son procès pour pédocriminalité
Source : AFP

JUSTICE - Les deux gardiens de prison de Jeffrey Epstein, le financier américain accusé d'avoir exploité sexuellement de jeunes filles mineures durant des années, ont été inculpés pour n'avoir pas effectué leur ronde la nuit où il s'est donné la mort.

Le 10 août, Jeffrey Epstein se donnait la mort dans sa cellule d'une prison fédérale new-yorkaise, le Metropolitan Correctional Center. Alors qu'il risquait 45 ans de prison, son décès surprise avait mis fin aux poursuites contre lui et privé ses accusatrices d'un procès qui s'annonçait historique. Trois mois après, la justice américaine inculpe ses deux gardiens de prison.

Aucune ronde n'a été effectuée durant huit heures

Selon l'acte d'accusation publié par le procureur de Manhattan, Tova Noel, 31 ans, et Michael Thomas, 41 ans, sont accusés d'avoir manqué à leur devoir en se dispensant de "faire les rondes" de surveillance qu'ils devaient faire. Le procureur n'a avancé aucune raison pour lesquelles les surveillants de cette aile, réservée aux prisonniers sensibles, auraient failli à leurs responsabilités. 

"Ils sont restés à leur bureau, ont surfé sur le net, et se sont promenés dans les parties communes de leur unité", a affirmé le procureur dans un communiqué. "Pour dissimuler leurs manquements", ils ont "signé de faux certificats attestant avoir fait plusieurs rondes de comptage des prisonniers, ce qui n'était pas le cas", a-t-il encore accusé. Aucune ronde n'a donc été effectuée entre 22h30 le 9 août et 6h30 le 10 août, permettant probablement le suicide du financier. S'il s'agit réellement d'un suicide...

Une énième source de théories du complot

En effet, l'autopsie du corps du millionnaire a bien conclu qu'il s'était pendu. Mais cette version est contestée par un expert, sorti de sa retraite et mandaté par le frère de Jeffrey Epstein, qui a estimé récemment que les éléments témoignaient "davantage d'un homicide que d'un suicide". L'absence de ronde des deux gardiens participe d'ailleurs à alimenter les spéculations sur un potentiel assassinat, même si certains avaient plutôt souligné à l'époque un manque de personnel et un recours massif aux heures supplémentaires dans la prison pour expliquer leur comportement.

Suite à la mort de celui qui devait être jugé pour ces actes pédocriminels, le directeur du Metropolitan Correctional Center avait été muté et les deux gardiens suspendus. Le ministre américain de la Justice William Barr avait, lui, déploré de "graves dysfonctionnements" dans cet établissement fédéral de Manhattan, pourtant réputé particulièrement sûr.

L'enquête continue en France et en Europe

Le millionnaire de 66 ans était accusé d'avoir exploité sexuellement des jeunes filles - le plus souvent mineures - des années durant, dans ses luxueuses résidences de Manhattan, de Floride et des Caraïbes. Il était décrit par ses victimes présumées comme un prédateur sexuel insatiable. Si la procédure criminelle visant Jeffrey Epstein est terminée, au grand dam de ses nombreuses accusatrices, le procureur de Manhattan continue à enquêter sur ses éventuels complices.

La découverte du carnet d'adresses très fourni du millionnaire, aussi bien aux Etats-Unis qu'en Europe, avait elle aussi alimenté des théories du complot affirmant que certaines personnalités avaient tout intérêt à le voir mort. Jeffrey Epstein comptait notamment parmi ses connaissances l'un des fils de la reine Elizabeth II, l'ex-président Bill Clinton ou encore l'actuel président Donald Trump. Une enquête se poursuit donc en Grande-Bretagne et une autre a été ouverte en France, où le financier américain avait un appartement et se rendait fréquemment. L'agent de mannequins Jean-Luc Brunel est depuis visé par une plainte pour "harcèlement sexuel" dans le cadre de l'affaire Epstein.


La rédaction de TF1info

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