ESPAGNE - La "guardia civil" a arrêté mercredi le bras droit du vice-président du gouvernement de Catalogne et perquisitionné au siège de l'exécutif régional. Objectif : empêcher la tenue d'un référendum d'autodétermination interdit le 1er octobre.
Empêcher coute que coute le déroulement du référendum d'autodétermination en Catalogne. C'est l'objectif que ce sont assignés les autorités espagnoles, à dix jours de la tenue du scrutin décisif pour l'avenir de la région. Pour preuve, le coup de pression exercé ce mercredi par la guardia civil : le bras droit du vice-président du gouvernement de Catalogne a été arrêté, le siège de l'exécutif régional étant de son côté perquisitionné. Les motifs de l'arrestation de Josep Maria Jove, secrétaire général de la vice-présidence en Catalogne, n'ont pas été annoncés.
Mais Madrid avait prévenu les dirigeants et fonctionnaires catalans qu'ils ne pouvaient pas coopérer à l'organisation du "scrutin illégal" du 1er octobre. La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre dans les rangs des militants indépendantistes qui ont commencé à affluer aux abords du siège du département d'Economie. En milieu de matinée, plusieurs centaines de manifestants étaient massés devant le bâtiment. "Les forces d'occupation dehors!", criaient certains. "Nous voterons pour être libres", lisait-on sur des pancartes.
"La volonté du peuple de Catalogne ne peut être arrêtée"
De très vifs échanges ont aussi eu lieu au parlement espagnol. Les députés catalans du parti PDeCAT (conservateur indépendantiste) du président de la région Carles Puigdemont ont quitté l'hémicycle. "Retirez vos mains sales des institutions de Catalogne", a lancé au chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy le député Gabriel Rufian du parti indépendantiste de gauche ERC (Gauche républicaine de Catalogne). "La volonté du peuple de Catalogne ne peut être arrêtée", a-t-il aussi tonné, ajoutant: "Et maintenant nous partons pour soutenir nos amis!". Mariano Rajoy avait auparavant assuré qu'il ne faisait que "son devoir". "Il s'agit d'une opération judiciaire qui est faite pour faire respecter la loi", a-t-il insisté.
Ces perquisitions et arrestations interviennent alors que les opérations de police se sont intensifiées depuis le week-end, avec la multiplication de saisies de matériel électoral, notamment des affiches et de la propagande électorale. Mardi, la guardia civil s'est félicitée d'avoir saisi 45.000 convocations destinées aux assesseurs des bureaux de vote qui doivent être en place pour le référendum, convoqué unilatéralement par la région. Selon un communiqué diffusé mardi soir, cela représente "80% des convocations nécessaires" pour doter les bureaux des assesseurs nécessaires. En parallèle, le ministère du Budget a gelé les finances de l'exécutif catalan, après avoir décidé de se charger directement du paiement des factures, ce qui réduit drastiquement l'autonomie financière de la région.