Iran : l'émouvante dernière lettre d'une jeune femme pendue

Anaïs Condomines
Publié le 28 octobre 2014 à 18h24
Iran : l'émouvante dernière lettre d'une jeune femme pendue

IRAN - Condamnée à mort en 2009 pour le meurtre d'un homme qui l'a, selon elle, agressée sexuellement, Reyhaneh Jabbari, 26 ans, a été pendue samedi 20 octobre dans son pays. En avril dernier, elle écrit une lettre pour sa mère dans laquelle elle lui demande de donner ses organes après sa mort.

Le document émouvant a été rendu public ce week-end par des militants iraniens pacifistes. C'est la dernière lettre d'une condamnée, rédigée derrière les barreaux de sa cellule. Pendue pour le meurtre d'un ancien employé du ministère des Renseignements, qui l'a, d'après elle, agressée sexuellement, la jeune Reyhaneh Jabbari regrette amèrement d'avoir été entraînée dans ce tourbillon judiciaire.

Elle écrit à sa mère : "Durant cette nuit inquiétante, j’aurais dû être tuée. Mon corps aurait été jeté dans un coin de la ville, et après quelques jours, la police t’aurait conduite dans le bureau du médecin légiste afin d’identifier mon corps et tu aurais appris que j’avais également été violée. Le meurtrier n’aurait jamais été retrouvé puisque nous n’avons ni leur richesse ni leur pouvoir."

Procès partial

L'accusée revient sur le jugement partial qu'elle estime avoir reçu. "Être présentée à la barre m’a fait passer pour une meurtrière de sang-froid et une criminelle sans pitié. Je n’ai pas versé une larme. Je n’ai pas supplié. Je n’ai pas pleuré toutes les larmes de mon corps car je faisais confiance à la loi." Après le procès, un expert de l'ONU a affirmé que la cour n'avait pas pris en compte toutes les preuves et que les aveux ont été obtenus sous la contrainte.

"C’était si optimiste d’attendre de la justice de la part des juges ! (...) Ce pays que tu m’as fait chérir n’a jamais voulu de moi et personne ne m’a soutenu quand, sous les coups des interrogateurs, je criais et j’entendais les mots les plus vulgaires."

EN SAVOIR + >> La pendaison d'une jeune femme iranienne suscite l'indignation internationale

Enfin, Reyhaneh Jabbari demande dans sa missive que ses organes soient donnés après son exécution : "Ma tendre mère, chère Sholeh, qui m’est plus chère que ma propre vie, je ne veux pas pourrir sous terre. Je ne veux pas que mes yeux ou mon jeune cœur deviennent poussière. Tu dois les supplier pour que, dès que je serai pendue, mon cœur, mes reins, mes yeux, mes os et tout ce qui peut être transplanté soit retiré de mon corps et donné à quelqu’un qui en a besoin. Je ne veux pas que le receveur connaisse mon nom, ni qu’il m’achète des fleurs ou même qu’il prie pour moi."


Anaïs Condomines

Tout
TF1 Info