L'UE étudie la possibilité de financer des camps de migrants en Afrique

par Aurélien DELIGNE
Publié le 26 janvier 2017 à 21h31
L'UE étudie la possibilité de financer des camps de migrants en Afrique
Source : Louisa GOULIAMAKI / AFP

DISCUSSIONS - Les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne étaient réunis ce jeudi à Malte pour discuter d'un possible financement de camps de migrants en Afrique. L'objectif serait ainsi de les retenir de traverser la Méditerrannée.

L'idée de camps installés au nord de l'Afrique fait son chemin du côté des autorités européennes. Jeudi 26 janvier, les ministres de l'Intérieur de l'Union ont discuté à La Valette à Malte d'un projet qui les financerait. Ces derniers, gérés par des organisations humanitaires, auraient pour objectif d'éviter aux nombreux migrants de tenter de rejoindre l'Europe en traversant la Méditerrannée. Selon l'ONU, 3800 personnes ont perdu la vie dans ces eaux en 2016.

L'idée serait donc de reproduire, en partie, les accords qui existent avec la Turquie, la Jordanie et le Liban, qui ont installés des camps sur leurs territoires pour y accueillir les millions de réfugiés qui arrivent des pays en guerre comme la Syrie. Depuis mars 2016, et l'accord conclu avec Ankara, le nombre de migrants arrivé sur le sol européen a d'ailleurs fortement baissé.

Cette stratégie pourrait alors être également utilisée dans le nord de l'Afrique, où, ceux qui passent par la Lybie pour atteindre l'Italie sont pour la plupart considérés comme des migrants économiques et n'ont donc aucune chance de recevoir le statut de réfugié.

L'idée est de les envoyer dans un lieu sûr, sans les amener en Europe
Thomas de Maizière, ministre allemand de l'Intérieur

Déjà, en mai 2015, l'Union européenne avait mis en place une mission navale en Méditerranée pour dissuader les passeurs. Et en octobre 2016, elle avait lancé un programme de formation des garde-côtes libyens. Désormais, il s'agit pour l'Union de renvoyer les migrants récupérés en mer sur le sol africain. 

"L'idée est de les envoyer dans un lieu sûr, sans les amener en Europe", a expliqué Thomas de Maizière, le ministre de l'Intérieur allemand, alors qu'il arrivait à La Valette. "Il faut sauver les gens emmenés par les passeurs, les placer en lieu sûr. Et ensuite, à partir de ce lieu sûr hors d'Europe, on ne fera entrer en Europe que ceux qui ont besoin de protection", a-t-il poursuivi.

Ces camps installés en Lybie et dans les pays voisins pourraient alors être gérés par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ou l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ces dernières auraient alors notamment pour mission d'enregistrer les migrants à leur arrivée et de s'assurer de leur renvoi dans leurs pays s'ils n'ont aucune chance d'obtenir l'asile au sein de l'Union européenne. 

La difficulté de renvoyer les migrants dans un pays instable

Pour autant, quelques obstacles pourraient bien se dresser contre ce projet, comme par exemple la situation politique instable en Libye. Après la chute de Mouammar Kadhafi, le nouveau gouvernement à Tripoli, soutenu par les Nations unies a encore du mal à contrôler le pays.

Renvoyer des migrants dans un lieu où leur vie est susceptible d'être en danger, serait donc contraire au droit international. D'où la nécessité pour l'Union européenne, d'avoir recours au HCR et à l'OIM qui pourraient faire de ces camps, des sites respectueux des normes humanitaires internationales.  

En Méditerranée, record de migrants morts en merSource : Sujet JT LCI
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