Les Polonaises en grève contre l'interdiction totale de l'avortement

Publié le 30 septembre 2016 à 21h43, mis à jour le 30 septembre 2016 à 22h24
Les Polonaises en grève contre l'interdiction totale de l'avortement
Source : WOJTEK RADWANSKI / AFP

MOYEN-AGE - Un projet de loi visant à interdire totalement l'avortement en Pologne a été adopté en première lecture par 267 voix contre 154. Une décision intolérable pour des milliers de Polonaises qui ont décidé d'entrer en résistance.

Le droit à l'avortement est encore loin d'être acquis. Au sein-même de l'Union européenne, c'est un droit qui reste fragile. Il est très limité dans trois pays : l'Irlande (interdit sauf en cas de danger pour la vie de la mère), Malte (strictement interdit, l'avortement constitue un délit passible d'une peine de prison), et la Pologne (en cas de viol, d'inceste ou de danger pour la mère), qui possède une des lois les plus restrictives d'Europe dans ce domaine. 

Apparemment, cela ne suffisait pas, puisque le Parlement polonais a décidé de durcir cette loi, en adoptant une proposition visant à interdire totalement l'avortement, à une exception extrême près (lorsque la vie de la femme enceinte est en danger immédiat). En pratique, aucune femme ne pourrait avorter. Même une fillette de douze ans victime d'inceste, comme ce fut le cas la semaine dernière dans une petite ville du pays. 

Lundi noir en Pologne

Comme si ce n'était pas assez, l'avortement est déjà considéré comme un crime, passible d'une peine allant jusqu'à cinq ans de prison, tant pour les femmes que les médecins et le personnel soignant. Cerise sur le gâteau, un autre projet de loi du gouvernement prévoit même d'interdire la contraception d'urgence.

Les Polonaises se sont pourtant mobilisées pendant des semaines. Du coup, elles ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Lundi 3 octobre sera donc un lundi noir en Pologne. Les femmes polonaises se mettront en grève pour défendre leur droit à l'IVG.

L’appel a aussitôt été soutenu par des milliers d’internautes : le mercredi 28 septembre, 53.000 personnes avaient déjà indiqué qu’elles participeraient à la mobilisation. La maire de Varsovie, Hanna Gronkiewiecz, issue du parti chrétien-démocrate Plateforme civique, a pour sa part décrété que les femmes travaillant pour la mairie étaient libres de prendre leur journée.  

Les réseaux sociaux se sont également emparés de la protestation. Les hashtags #BlackProtest et #CzarnyProtest fleurissent sur Twitter. Avec un mot d'ordre pour lundi : s'habiller en noir, se prendre en photo, et la poster sur Internet.

Sur le strip de bande dessinée ci-dessus, on voit plusieurs protagonistes en noir expliquer les raisons pour lesquelles ils iront manifester : "Parce qu'ils veulent me forcer à avoir un enfant qui m'a violée" ; "Parce qu'ils veulent me poursuivre pour meurtre si j'avorte" ; "Parce qu'ils veulent me forcer à donner naissance à un enfant qui ne survivra pas" ; "Parce qu'ils interdisent à mon amie de faire des tests prénataux pour avoir un enfant en bonne santé" ; "Parce qu'ils veulent forcer ma petite soeur à accoucher alors qu'elle a été violée" ; "Parce qu'ils laisseraient ma soeur mourir même si quelque chose n'allait pas".

Et en France, Amnesty International, ainsi que l'Inter-LGBT, appellent à manifester dimanche 3 octobre à 15h devant l'ambassade de Pologne pour manifester contre ce projet de loi.


Virginie FAUROUX

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