Mexique : Joaquin "El Chapo" Guzman, narcotrafiquant fantasque

Publié le 10 janvier 2016 à 14h53
Mexique : Joaquin "El Chapo" Guzman, narcotrafiquant fantasque

PORTRAIT - Le baron de la drogue Joaquin "El Chapo" Guzman a donné une interview à l'acteur américain Sean Penn, publiée samedi par le magazine Rolling Stone. Un énième pied de nez aux autorités qui viennent de lui mettre la main dessus, après six mois de cavale.

Ce dimanche, au lendemain de l’annonce de son arrestation, le magazine américain Rolling Stone a publié un article fleuve sur la rencontre entre le baron de la drogue mexicain "El Chapo" et Sean Penn. Improbable ? Pas vraiment : l’acteur plancherait sur un biopic de Joaquin Guzman. Un sujet en or pour les studios hollywoodiens, celle d’un narcotrafiquant dont la soif de gloire semblait sans limite.

Le monde entier a découvert "El Chapo" en juillet dernier, quand celui-ci s’est évadé d’une prison de Mexico par le biais d'un tunnel de plus d'un kilomètre creusé sous la douche de sa cellule. Pourtant, sa vie était déjà digne d’un film depuis longtemps. Né le 4 avril 1957 à Badiraguato, "El Chapo", diminutif de "chaparro" ("courtaud"), allusion à son mètre soixante-quatre, avait abandonné l'école en fin de primaire pour travailler dans les champs de marijuana du Sinaloa, un Etat rural du nord-ouest du Mexique, berceau des principaux "capos" mexicains de la drogue.

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Caché dans un panier de linge sale 

Les choses sérieuses débutent dans les années 1980 quand il entame sa carrière au service du "Parrain" du cartel de Guadalajara, Miguel Angel Félix Gallardo. Première mission : nouer des contacts avec des cartels colombiens, afin d'alimenter en cocaïne les Etats-Unis, l'Europe et l'Asie. Après l'arrestation de Félix Gallardo en 1989, ses lieutenants se répartissent ses territoires et "El Chapo" s'établit dans le nord-ouest du Mexique où il fonde, avec d'autres, le cartel de Sinaloa. Premier coup dur en 1993, au Guatemala : arrêté, il est envoyé à la prison mexicaine de haute sécurité de Puente Grande, d'où il s'évade de manière rocambolesque déjà, caché dans un panier de linge sale en 2001. "El Chapo" reprend alors la tête du cartel de Sinaloa et en fait, en quelques années, l'organisation criminelle la plus puissante du Mexique.

Un maniaque des tunnels

Le mythe de Guzman s'accroît alors dans la clandestinité. Il devient l'un des symboles du trafic de drogue contre lequel l'ancien président Felipe Calderon déploie l'armée. Sa tête est mise à prix cinq millions de dollars côté américain, plus de 2,2 millions par le Mexique. Mais ce sont surtout quelques anecdotes qui vont asseoir sa légende : spécialiste des tunnels secrets, Guzman en fait construire pour acheminer la drogue aux Etats-Unis ou échapper à la police. On en retrouvera un dans sa propriété de Culiacan, dissimulé sous une baignoire amovible qui lui permettra d'éviter de justesse son arrestation. On raconte qu'il lui arrive de se rendre dans des restaurants à la mode, de confisquer les téléphones portables des clients avant de dîner, puis de prendre congé en payant l'ensemble des additions.

En tout, Joaquin Guzman aurait eu trois ou quatre épouses et une dizaine d’enfants. La dernière est une jeune reine de beauté épousée à son 18e anniversaire, en 2007, lors d'une cérémonie fastueuse surveillée par des hommes armés, et un hélicoptère. C'est le criminel "le plus intelligent et avec la meilleure capacité de réaction" qu'ait eu à affronter la justice, a résumé le défunt super-procureur mexicain José Luis Santiago Vasconcelos. "Chapo l’artiste" ?

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Thomas GUIEN

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