Orlando, Magnanville : "Pour Daech, la communication est aussi importante que l'attentat"

Publié le 14 juin 2016 à 15h30
Orlando, Magnanville : "Pour Daech, la communication est aussi importante que l'attentat"

DECRYPTAGE - En l'espace de 48 heures, l'agence Amaq, liée au groupe terroriste Etat islamique, a revendiqué la fusillade d'Orlando puis le meurtre d'un couple de policiers dans les Yvelines. Une stratégie de communication très réactive, qui pourrait être gérée par des individus directement implantés en France, selon Olivier Hanne, islamologue et chercheur.

Dimanche au petit matin, un homme a attaqué le Pulse de San Francisco, un massacre qui a fait 49 morts et 53 blessés. Lundi soir, c'est un couple de policiers qui a été assassiné à Magnanville, dans les Yvelines, en présence de leur enfant. Deux actes distincts aux ressorts différents mais avec un point commun : des terroristes a priori solitaires et, sur la forme, une revendication du groupe Etat islamique qui interpelle par sa rapidité.

Très vite, l'agence Amaq liée aux terroristes a en effet publié un bref communiqué pour réagir au carnage perpétré dans la boîte de nuit gay américine . "L'attaque armée qui a visé un club pour homosexuels dans la ville d'Orlando, dans l'Etat américain de Floride, faisant plus de 100 morts et blessés, a été exécutée par un combattant de l'Etat islamique", affirme ainsi, dès dimanche, Amaq dans un court texte citant "une source". Quelques heures après l'attaque sur le sol français, Amaq a également été très prompte à communiquer : "Un combattant de l'EI a tué un adjoint du commissariat de police de la ville des Mureaux ainsi que sa femme à l'arme blanche près de Paris", a-t-il été écrit lundi matin.

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Pour expliquer cette proximité entre les deux revendications, Olivier Hanne, islamologue et chercheur associé à l'université d'Aix-Marseille, avance deux hypothèses. "La première, c'est que les actes ont été revendiqués par la 'centrale' de Daech depuis la Syrie. La seconde, c'est qu'il pourrait y avoir désormais en Europe - voire en France - une plateforme médiatique qui s'occupe de la revendication. Et donc qu'il y a des gens rentrés de Syrie ou d'Irak qui centralisent les revendications propres à la France."

Abballa s'adresse directement à l'EI

Selon le journaliste de RFI, David Thomson, qui a visionné l'enregistrement posté lundi soir par Larossi Abballa sur Facebook peu après avoir tué un couple de policiers, l'individu aurait directement sollicité l'agence pour relayer son acte. "Il demande à ses 160 abonnés et plus particulièrement à ses contacts de l'EI de faire le communiqué de revendication de son attaque, ce qui explique la rapide revendication par l'EI via l'agence Amaq", explique David Thomson, qui faisait partie de ses abonnés sans le connaître personnellement.

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Pour Olivier Hanne, un terrorisme "d'opportunisme" ne serait pas à exclure. Ceux qui s'occupent de la revendication "ne font que réagir à quelque chose qui arrive. (…) A partir du moment où ils sont déjà implantés dans un pays, leur seule fonction est d'être attentif à tout ce qui se passe et de réagir très vite." C'est d'ailleurs le propre d'Amaq depuis son apparition, fin novembre 2015, quand l'agence avait annoncé la tuerie de San Bernardino, aux Etats-Unis.

Un regain de com' expliqué par le recul militaire ?

C'est à cette période que l'agence qui n'a jamais été officiellement rattachée au califat avait fait parler d'elle en créant un Wordpress sur lequel elle relayait quasiment en temps réel les avancées de Daech sur le terrain. Auparavant, Amaq était seulement accessible via une application Androïd disponible sur les réseaux djihadistes. Son but ? Fournir des nouvelles et infographies détaillées sur l'avancement des troupes.

Des troupes qui, ces derniers temps, seraient à la peine sur le terrain entre la Syrie et l'Irak. Un recul militaire qui pourrait expliquer ce regain de com', a en croire Olivier Hanne : "Leur seule possibilité d'influence sur la division des sociétés, c'est la communication. Elle est aussi importante, si ce n'est plus, que l'attentat lui-même."

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Thomas GUIEN

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