OTAN : des officiers turcs demandent l'asile en Europe

par Simon HENRY
Publié le 19 novembre 2016 à 12h19
OTAN : des officiers turcs demandent l'asile en Europe
Source : Burhan Ozbilici/AP/SIPA

CUL DE SAC - Ce vendredi, des membres de la délégation turque de l'OTAN ont demandé l'asile politique en Europe. Et une fois de plus, l'OTAN marche sur des œufs avec la Turquie. Mais au regard de la position stratégique de ce pays, a t-elle vraiment d'autres choix ?

Quelle attitude adopter avec la Turquie ? C’est le sempiternel casse-tête auquel est confronté l’Europe depuis des années maintenant. Preuve en est encore dernièrement : "plusieurs" membres de la délégation turque de l’OTAN  ont demandé l’asile politique en Europe. "Il est exact que des officiers turcs employés dans la structure de commandement ont sollicité l’asile dans les pays où ils travaillent", a déclaré vendredi 18 novembre le secrétaire général de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord), Jens Stoltenberg, lors d’une conférence à Bruxelles. Une situation qui met une fois de plus l’Europe à l’épreuve face à son précieux partenaire turc. 

Embarras de l'Europe

Membre de l’OTAN, la Turquie occupe une position géographique des plus stratégiques. En effet, ce vaste territoire fait office de tampon entre le Moyen-Orient et l’Europe. De plus, voisin d’un pays en guerre, la Syrie, Ankara est en première ligne dans la crise des réfugiés. D’ailleurs, à la faveur d’un accord conclu au printemps dernier avec l'UE, la Turquie s’est engagée à temporiser les départs des réfugiés en l’échange de la disparition des visas pour ses ressortissants qui souhaitent se rendre dans l’UE. Une manière pour le pays aussi, de se montrer tout à la fois conciliant et de pouvoir aussi peser diplomatiquement dans les négociations de son éventuelle adhésion à l’UE. Car la Turquie le sait, plusieurs membres de l'UE sont farouchement opposés à son admission. 

Climat de psychose

Toujours est-il que pour l’Europe, le cas turc pose sérieusement problème. En effet, depuis le coup d’État avorté contre le président turc Recep Tayyip Erdogan, ce dernier se livre à un autoritarisme régulièrement  condamné aussi bien par l'UE que par l'OTAN. Une purge sans précédent a été lancée dans tout le pays, entraînant des dizaines de milliers d’arrestations arbitraires, aussi bien dans les organes régaliens de l’État que dans la société civile. Un climat de terreur qui a poussé aussi nombre de personnes à l’exil. Ainsi, au lendemain du coup d’État, huit militaires ont par exemple fui en Grèce. Ils y ont demandé l’asile politique mais leur requête a été rejetée à la fin du mois de septembre. Depuis, Ankara réclame leur extradition. 

Aveu de faiblesse

Le secrétaire général de l’OTAN doit se rendre dimanche en Turquie. Mais, si celui-ci entend bien réaffirmer le respect de la démocratie, de l'ordre constitutionnel, de l'Etat de droit et des libertés fondamentales dans ce pays, il ne compte pas autant s’attarder sur la demande d’asile de ces membres turcs de l’OTAN. "L’OTAN n’a pas de mandat pour décider d’accorder ou non l’asile. Ce n’est pas notre responsabilité, et nous nous tromperions si nous commencions à nous mêler de ce type de problèmes juridiques". 

En Turquie, la répression du pouvoir ne faiblit pasSource : Sujet JT LCI
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