SYRIE - Les civils et insurgés de la dernière enclave rebelle d'Alep ont été évacués sous le contrôle d’observateurs de l’ONU. Les opérations se sont achevées ce jeudi 22 novembre, a annoncé le régime syrien.
Le dernier convoi de rebelles et de civils a quitté Alep ce jeudi, selon la télévision d'Etat. Dans la nuit de mercredi à jeudi, au moins 4.000 combattants ont été sortis de la ville, pour un total de 34.000 personnes - civils et insurgés -, depuis le 15 décembre, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui estimait que les opérations prendraient fin ce vendredi. Toutefois, "il est difficile de prévoir la fin car les routes sont enneigées", avait prévenu un responsable du groupe rebelle Ahrar al-Cham, Ahmad Qorra Ali. Les évacuations ont donc pris fin plus tôt que prévu.
Lancée jeudi dernier, l'opération a subi plusieurs retards en raison de la méfiance entre belligérants, des problèmes logistiques et, depuis mercredi, d'une tempête de neige qui a ralenti le transit des véhicules. La neige a cessé de tomber jeudi sur Alep mais des milliers de personnes attendent toujours par un temps glacial d'être évacuées.
Les sauvetages dans les localités chiites de Foua et Kafraya, assiégées par les insurgés dans la province voisine d'Idleb, se poursuivent aussi ce 22 décembre, comme prévu par l'accord sur Alep.
Munis d'armes légères, des rebelles à bord d'une vingtaine de pick-up, taxis et voitures ont quitté la métropole dans la matinée, traversant le point de transit de Ramoussa dans le sud d'Alep, pour se rendre en zone rebelle, à l'ouest de la métropole. En début d'après-midi, une dizaine de bus ont également quitté la poche rebelle d'Alep.
L'enclave rebelle d'Alep est ravagée par les offensives successives du régime et plus de quatre ans de combats, mais surtout les bombardements de l'armée syrienne et de son allié russe des derniers mois. Le régime a lancé sa dernière offensive terrestre et aérienne le 15 novembre, déversant pendant un mois un déluge de feu sur les quartiers rebelles où des dizaines de milliers d'habitants étaient soumis à un siège asphyxiant et manquaient de tout depuis juillet. C'est à l'issue de cette opération qu'un accord parrainé par la Russie et l'Iran, alliés indéfectibles du régime, et par la Turquie, soutien de la rébellion, a permis à la mi-décembre les évacuations.
Alors que de nombreuses atrocités ont été commises durant la guerre en Syrie, l'Assemblée générale des Nations unies a approuvé la création d'un groupe de travail chargé de préparer des dossiers sur les crimes de guerre dans ce pays, première étape vers la poursuite en justice des responsables de ces crimes. L'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar Jaafari, a qualifié cette initiative d'"ingérence flagrante dans les affaires" de la Syrie.
A Moscou, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a annoncé que les bombardements de l'aviation russe en Syrie ont permis de "liquider" 35.000 combattants depuis le début de son intervention en septembre 2015. Les soutiens militaires russe et iranien ont été déterminants dans le conflit syrien pour renverser la situation au profit du régime. Avec Ankara, Téhéran et Moscou semblent avoir pris la main dans le dossier syrien, après avoir écarté les Etats-Unis et les Occidentaux.
Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques pro-démocratie, le conflit syrien s'est complexifié au fil des années, impliquant de multiples belligérants soutenus par différentes puissances régionales et internationales.