EUROPE - La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a créé un début de polémique mardi en faisant un lien entre migration et "protection du mode de vie européen", nouvel intitulé du portefeuille du commissaire chargé de ce dossier ultra-sensible.
Un nombre record de femmes (13 sur 27), un commissaire de 28 ans, un Irlandais pour négocier les futures relations commerciales avec le Royaume-Uni... L’équipe annoncée mardi par l'Allemande Ursula von der Leyen pour composer la nouvelle Commission européenne joue la carte du renouveau. Mais c’était sans compter une fausse note qui est venue gâcher la fête à Bruxelles. En cause : la création d’un portefeuille intitulé "protéger notre mode de vie européen", et dont les contours suscitent déjà la polémique.
Le portefeuille créé par Ursula von der Leyen – et dont a hérité le Grec Margaritis Schinas - est en effet vertement critiqué ce mardi car il associe migration et "protection du mode de vie européen". Une formulation que la principale intéressée a tenté de justifier mardi soir devant la presse : "Notre mode de vie européen, c'est s'accrocher à nos valeurs. La beauté de la dignité de chaque être humain est l'une des plus précieuses valeurs".
"Rhétorique de l'extrême droite"
Dans son programme, l'Allemande développe l'une de ses priorités, "protéger notre mode de vie européen", en plusieurs catégories, dont l'Etat de droit et la sécurité intérieure, ainsi qu'un point sur "des frontières solides et une nouvelle approche en matière de migration". La dénomination a toutefois créé une certaine gêne, en particulier chez les opposants politiques au PPE, la famille de la droite conservatrice d'Ursula von der Leyen.
"Cela fait peur de voir proposer un portefeuille sur la 'protection du mode de vie européen' qui inclut la migration et la protection des frontières. Nous espérons que la présidente von der Leyen ne voit pas une contradiction entre soutenir les réfugiés et les valeurs européennes", a ainsi réagi la co-présidente du groupe des Verts au Parlement européen Ska Keller.
(2/3) Erschreckend ist jedoch, dass ein Ressort für den "Schutz der europ. Lebensweise" für Migration und Grenzsicherung zuständig sein soll. Wir hoffen, dass @vonderleyen damit nicht sagen will, dass Unterstützung für #Flüchtlinge und europäische Werte sich widersprechen. — Ska Keller (@SkaKeller) September 10, 2019
I'm quoted in this piece by @joncstone - this is a real problem in the new European Commission - I will raise it in my Group tonight and a reminder that the European Parliament has to OK all of this. A portfolio with a title like this just cannot stand in my view. https://t.co/1Ik3dtnNqP — Claude Moraes (@Claude_Moraes) September 10, 2019
Son collègue britannique du groupe des sociaux-démocrates, Claude Moraes, a quant à lui déclaré qu'il soulèverait ce "vrai problème" auprès de son groupe, estimant sur Twitter qu'un portefeuille ainsi nommé ne pouvait pas exister. En utilisant "la rhétorique de l'extrême droite 'les migrants menacent le mode de vie européen', et en liant la migration à la sécurité", l'intitulé de ce portefeuille "envoie un message inquiétant", a tweeté un porte-parole d'Amnesty International, Stefan Simanowitz.
Meet the EU's new Commissioner "for Protecting Our European Way of Life" whose role it will be oversee immigration policy. By using the framing of the far right ("immigrants threaten the European way of life") & by linking migration with security, this sends a worrying message. https://t.co/iDf01SJdmS — Stefan Simanowitz (@StefSimanowitz) September 10, 2019
Sous le feu des critiques, un porte-parole d'Ursula von der Leyen est rapidement monté au front. "L'Europe est synonyme de sociétés ouvertes et démocratiques. Nous maintenons nos orientations politiques telles qu'elles ont été publiées en juillet" Avant de tacler : "Il serait utile que les gens s'intéressent aussi à ce qui est dans quel portefeuille et quels projets sont liés à un titre". "La protection de notre mode de vie européen fait référence aux valeurs européennes, à savoir la tolérance, l'accueil, l'asile", a expliqué à l'AFP une autre source dans l'entourage de la nouvelle présidente.