Rwanda : la France soupçonnée d'avoir réarmé les responsables des massacres

Publié le 28 juin 2017 à 12h04

Source : Sujet TF1 Info

GÉNOCIDE - La "Revue XXI" dévoile ce mercredi le témoignage d'un haut fonctionnaire. Celui-ci a eu accès aux archives classées secret défense de l'Élysée sur le génocide au Rwanda, où les autorités auraient donné leur feu vert pour un réarmement des auteurs des massacres.

"Réarmez-les". Voici le titre d'une longue enquête publiée ce mercredi dans les colonnes de la Revue XXI et consacrée au génocide rwandais. L'auteur de l'article l'assure : les autorités françaises ont livré illégalement des armes aux responsables des massacres.

L’article de Patrick de Saint-Exupéry, cofondateur de la revue, cherche à comprendre le rôle de la France dans ce génocide qui a fait 800.000 morts au milieu des années 90. Le journaliste s’appuie sur un témoignage en particulier, celui d’un haut fonctionnaire. Celui-ci a pu consulter les archives sur le conflit rwandais puisque, en 2015, l’Elysée a donné son feu vert à leur ouverture. 

Le Rwanda accuse la France de complicité lors du génocide de 1994Source : JT 13h WE
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"Nous livrions des armes pour que les génocidaires ne se retournent pas contre nous"

Dans les archives, l'un de ces hauts fonctionnaires aurait mis la main sur un mémo qui évoquerait les réticences de certains militaires français, sur place, à réarmer les forces génocidaires. Ces dernières, alors en déroute, cherchaient à passer la frontière. Certains militaires français auraient discuté cet ordre : "Une dizaine d'officiers ont demandé à exercer leur droit de retrait pour ne pas avoir à exécuter cet ordre", explique encore Patrick de Saint-Exupéry. La directive a toutefois été confirmée par l'Élysée, dans une note signée de la main d'Hubert Védrine, alors secrétaire général de l'Élysée, selon le témoignage du haut fonctionnaire.

Un déroulé des faits corroboré ce mercredi auprès du Monde par Guillaume Ancel. Cet ancien officier de l’armée de terre assure en effet avoir vu "la réalisation d'une de ces livraisons dans la deuxième quinzaine de juillet" 1994. "Le commandant-adjoint de 'Turquoise' sur la base de Cyangugu m’a demandé de retenir l’attention de journalistes pour laisser passer un convoi d’armes vers le Zaïre (...) Il y avait une dizaine de camions chargés de containers. Le soir, lors du debriefing, on m’a expliqué que nous livrions des armes pour que les génocidaires ne se retournent pas contre nous", a précisé l'ancien officier de l'armée de terre.

Au total, quelque 2.500 soldats français ont été envoyés au Rwanda de juin à août 1994 dans le cadre de l'opération "Turquoise", autorisée par l'ONU, afin de mettre fin aux massacres en cours. Des massacres qui, plus de vingt après, continuent de faire polémique. Toujours selon Patrick de Saint-Exupery, l’ouverture des archives n’a pas été effective en raison du "constat qu’a réalisé ce haut fonctionnaire qui a vu des documents extrêmement compromettants".


La rédaction de TF1info

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