Syrie : à Madaya, l’évacuation des malades est "une question de vie ou de mort"

Publié le 15 janvier 2016 à 17h28
Syrie : à Madaya, l’évacuation des malades est "une question de vie ou de mort"

SYRIE – Au lendemain de l’entrée d’un convoi humanitaire, une clinique médicale mobile était en route vendredi pour la localité assiégée de Madaya. Avec un seul but : soigner les habitants souffrant de malnutrition, alors que 33 d’entre eux sont morts de famine. Le point sur la situation avec Sonja Meyer, coordinatrice des programmes en Syrie pour l’ONG CARE.

Il y a encore six mois, Madaya n’était qu’une bourgade du Qalamoun, ce massif montagneux situé entre le Liban et Damas. Elle incarne désormais le symbole de ces villes syriennes assiégées par le régime de Bachar al-Assad, où des centaines de civils sont "en grand danger de mort" selon l’ONU. Certains ont déjà succombé : 33 personnes sont mortes de la famine depuis le mois de décembre, selon Sonja Meyer, coordinatrice des programmes en Syrie pour l’ONG CARE .

Contactée ce vendredi par metronews, Sonja Meyer témoigne du chaos qui règne sur place. "Les besoins les plus urgents sont médicaux. Beaucoup de gens souffrent aujourd’hui de malnutrition sévère. A Madaya, il n’y a qu’un seul hôpital et très peu de personnel formé", rapporte l’humanitaire, présente dans la région. Jeudi, un second convoi – après un premier lundi – a pu entrer dans la ville. Une clinique mobile est attendue sur place ce vendredi. Un troisième convoi humanitaire devrait arriver ces prochains jours.

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Près de 400.000 civils piégés en Syrie

Une situation édifiante également retranscrite auprès de l’AFP par des habitants de cette ville de 40.000 âmes. "Depuis 15 jours, nous ne mangeons que de la soupe. J'ai vu de mes propres yeux un jeune homme tuer des chats et présenter aux membres de sa famille la chair comme étant de la viande de lapin", a raconté Hiba Abdel Rahmane, 17 ans. "Il y a des gens qui se nourrissent dans les poubelles et d'autres qui ne mangent que de l'herbe. Nous avons demandé aux hommes armés de la nourriture mais ils ont refusé".

Au total, 400.000 civils sont piégés dans les villes syriennes assiégées par l'armée du régime de Bachar al-Assad ou les rebelles, d'après les Nations unies. Il aura fallu que des photos et des vidéos d’enfants décharnés apparaissent sur les réseaux sociaux et que les informations sur la famine de Madaya provoquent un tollé international pour que Damas donne son feu vert aux humanitaires. Mais cela ne saurait masquer les autres régions syriennes qui vivent également ces jours-ci un calvaire.

"Crime de guerre"

"Aujourd’hui, 15 zones sont répertoriées comme étant difficiles d’accès ou assiégées. Beaucoup de nouvelles zones ont récemment fait l’état d’un siège, des combats ayant commencé ou les accords de cessez-le-feu ayant échoué", rapporte Sonja Meyer. Par exemple à Moadamiyeh : dans cette ville au sud de Damas, 14 personnes seraient mortes de faim.

"Soyons clairs : utiliser la famine comme arme de guerre est un crime de guerre", a déclaré jeudi Ban Ki-moon, quelques heures avant que le Conseil de sécurité de l'ONU ne tienne une réunion d'urgence pour réclamer la levée tous les sièges des villes par les belligérants. Mais aussi trouver une application concrète à la résolution adoptée le 18 décembre par le Conseil de sécurité des Nations unies, en vue de dessiner un processus politique en Syrie. Sauf que le temps politique n’est pas le même que celui du terrain, où chaque jour compte." A Madaya, les stocks de nourriture apportés ne dureront qu’un mois, s’alarme Sonja Meyer. Et 400 personnes ont besoin d’être évacuées de manière urgente. C’est une question de vie ou de mort".

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Thomas GUIEN

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