Syrie : la Russie lance son offensive... et s'attire les foudres de Washington

Publié le 30 septembre 2015 à 15h29
Syrie : la Russie lance son offensive... et s'attire les foudres de Washington

CONFLIT - L'aviation russe, en coopération avec l'armée syrienne, a mené mercredi ses premiers bombardements contre "des positions terroristes" situées dans trois provinces de Syrie.

Moscou officialise son entrée dans le bourbier syrien. L'aviation russe, en coopération avec l'armée syrienne, a mené mercredi ses premiers bombardements contre "des positions terroristes" situées dans trois provinces de Syrie, a affirmé une source de sécurité syrienne. Des bombardements condamnés par Washington, surtout que des doutes se font jour sur les cibles réelles de ces attaques.

Ces frappes ont commencé en début d'après-midi, peu après le début d'une réunion au Conseil de sécurité des Nations unies, présidée par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Le ministère russe de la Défense a confirmé que l'aviation russe avait procédé à des "frappes de précision" en Syrie, détruisant notamment des "équipements militaires", des moyens de communication et des "stocks d'armes et de munitions" de l'EI. Selon une source de sécurité syrienne, l'aviation russe, en coopération avec l'armée syrienne, a frappé "des positions terroristes" situées dans trois provinces de Syrie, à Hama, Homs et Lattaquié, dans le nord-ouest et le centre du pays.

Coup de poker moscovite

Si la présence russe sur le sol syrien est un secret de polichinelle depuis plusieurs semaines, cette officialisation s'est aussitôt attirée les foudres de Washington. "Nous avons été clairs et le secrétaire d'Etat (John Kerry) a été clair : cette démarche russe ne changera en aucune manière les missions des Etats-Unis ou de la coalition contre l'EI, les missions aériennes en particulier", a dit à quelques journalistes le porte-parole de la diplomatie américaine John Kirby, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

En outre, il n'aura pas fallu longtemps pour que la France, puis les Etats-Unis, émettent des doutes et des réserves sur le choix des cibles choisies par l'armée russe. Il y a "des indications selon lesquelles les frappes russes n'ont pas visé Daech", acronyme arabe du groupe Etat islamique, a déclaré à New York le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, ajoutant qu'il "faudrait vérifier quels étaient les objectifs" des avions russes. "Ce n'est pas sur Daech qu'ils (les Russes) ont frappé, c'est sans doute sur les groupes d'opposition, ce qui confirme qu'ils sont davantage dans le soutien au régime de Bachar al-Assad que dans la lutte contre Daech", a également affirmé une source diplomatique française sous couvert d'anonymat.

Seule certitude : cette accélération de l'engagement de Moscou dans le dossier syrien s'inscrit sur fond de bras de fer entre le président américain Barack Obama et son homologue russe sur le sort à réserver à Bachar al-Assad, "tyran" qui doit partir pour l'un et rempart contre les djihadistes de l'Etat islamique pour l'autre. A la manoeuvre dans le dossier syrien, Vladimir Poutine s'est imposé en quelques semaines comme un acteur incontournable face à Barack Obama. Washington a été pris de court par le coup de poker de Moscou qui a solidement renforcé en septembre sa présence militaire dans le nord-ouest de la Syrie, bastion du régime, en déployant de l'équipement militaire et en construisant une base dans l'aéroport de Lattaquié. La Russie a également intensifié ses livraisons d'armes à l'armée régulière syrienne.

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La rédaction de TF1info

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