Syrie : Madaya, ville assiégée où les habitants meurent de faim

Publié le 7 janvier 2016 à 14h19
Syrie : Madaya, ville assiégée où les habitants meurent de faim

SYRIE – Plusieurs localités de l'ouest de la Syrie sont dans une situation critique, assiégées par les forces de Damas et privées de nourriture et de médicaments. Selon les témoignages, la population souffre de malnutrition. Une partie d'entre elle en est réduite à se nourrir d'herbe.

Ces villes syriennes assiégées où l'on meurt de faim. Le siège imposé à plusieurs villes du pays, à l'image de Madaya, à la frontière libanaise, dans lesquelles plusieurs dizaines de milliers d'habitants sont pris au piège, manquent de tout. Selon les témoignages d'habitants et d’observateurs, une partie de la population de Madaya est contrainte de manger des feuilles pour survivre.

"Il n'y a plus rien à manger. Je n'ai pris que de l'eau depuis deux jours", explique Momina, une femme de 32 ans jointe par téléphone par l'AFP. "Nous voulons juste qu'on nous dise si l'aide va arriver ou pas, car nous n'avons rien ici". Un autre habitant témoigne : "La vie est devenue tragique. Comme très peu de choses arrivent, les aliments sont extrêmement chers", indique Mohammad, cité par l'agence. "Un sac de lait peut coûter 100 dollars, un kilo de riz 150 dollars", poursuit-il. C'est pour cela que "nous avons oublié le goût du pain".

"La France appelle à la levée immédiate du siège"

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins 10 personnes sont mortes à cause du manque de médicaments et de nourriture. "1.200 habitants souffrent de maladies chroniques et plus de 300 enfants de malnutrition ou d'autres problèmes de santé", estime l'ONG. "De nombreux habitants se nourrissent d'herbe pour survivre ou doivent verser des sommes importantes aux points de contrôle gouvernementaux pour obtenir de la nourriture", relève encore Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. Interrogé mercredi par France Info , le porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Frédéric Joli, souligne également le manque criant de matériaux permettant de se protéger du froid alors que l'hiver s'est installé dans le pays en guerre depuis cinq ans.

La France condamne le siège de la ville

Ce mercredi, la France, à travers le ministère des Affaires étrangères, a condamné le siège imposé par le régime syrien à la ville située près de la frontière libanaise, dénonçant une situation "insoutenable et inacceptable". "La France appelle à la levée immédiate de ce siège et à l'accès d'urgence de l'aide humanitaire à Madaya et à toutes les zones assiégées en Syrie, conformément aux résolutions 2254 et 2258 du conseil de sécurité des Nations unies."

En septembre dernier, une trêve concernant Madaya, située seulement à une cinquantaine de kilomètres de Damas, ainsi que la localité de Zabadini et deux villages du nord-ouest de la Syrie, avait pourtant été conclue pour permettre la livraison d'aide humanitaire à la population et l'évacuation de civils et de blessés. Mais les difficultés d'acheminement de l'aide sont très importantes. "Un petit espace humanitaire a été décrété par ceux qui se battent", explique Frédéric Joli, qui précise que la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge ont pu mener une opération humanitaire avec les Nations-Unis dans plusieurs zones touchées, afin d'évacuer malades et blessés. En dépit de cette "ouverture de porte", ajoute-t-il, les besoins humanitaires restent criants.

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La rédaction de TF1info

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