Le nombre d’enfants utilisés comme kamikazes par Boko Haram a triplé depuis le début de l'année

par Tiphaine PAUCOT-LANDELLE
Publié le 12 avril 2017 à 10h21
Le nombre d’enfants utilisés comme kamikazes par Boko Haram a triplé depuis le début de l'année

MANIPULATION – 27 enfants ont été utilisés depuis le début 2017 par les djihadistes de Boko Haram pour commettre des attentats-suicides dans la région du lac Tchad - Nigeria, Niger, Cameroun et Tchad -, dénonce dans un rapport l’Unicef. L’an dernier à la même période, le nombre s’élevait à neuf.

"Au cours des trois premiers mois de cette année, le nombre d’enfants utilisés dans les attentats à la bombe est presque le même que celui de toute l’année dernière", s'est alarmée Marie-Pierre Poirier, directrice régionale de l’Unicef pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance a publié mardi un rapport dans lequel il explique que 27 enfants ont été utilisés par le groupe djihadiste Boko Haram pour des attaques-suicides dans le conflit du Lac Tchad.

"C’est la pire utilisation possible des enfants", déplore Marie-Pierre Poirier. "Ces enfants sont des victimes, pas des coupables". Dans son rapport "Silen Shame : Bringing out the voices of children caught in the Lake Chad crisis", l’Unicef raconte l’histoire d’Amina. Elle avait 16 ans lorsqu’elle s’est mariée, sans savoir que l’homme qu’elle épousait était membre de Boko Haram. Après avoir été manipulée et droguée, elle est impliquée dans une attaque à la bombe aux côtés de trois autres personnes. Deux d’entre elles ont activé leur ceinture d’explosifs. Pas elle. Elle en est sortie vivante mais amputée des deux jambes. 

L’éducation est le meilleur moyen de combattre Boko Haram
Tabita, adolescente nigérienne

VIDÉO - 21 lycéennes de Chibok libérées par Boko Haram retrouvent leurs parentsSource : Sujet JT LCI
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Autre drame rapporté par l'Unicef, celui de Tabita, qui vivait avec sa grand-mère dans un petit village du Nigeria lorsque les djihadistes se sont introduit dans sa maison. "Ils ont dit à ma grand-mère qu’elle devait leur donner de l’argent si elle ne voulait pas qu’ils m’emmènent pour me marier avec l’un d’eux, et que si elle n’obtempérait pas, ils me kidnapperaient et la tueraient". Sa grand-mère a attendu qu’ils partent pour lui dire de fuir. Tabita a réussi à rejoindre un camp de réfugiés au Cameroun et où elle sensibilise désormais les jeunes filles ux risques qu’elles encourent : "L’éducation est le meilleur moyen de combattre Boko Haram".

117 enfants ont été impliqués dans le conflit au Nigeria, au Tchad, au Niger et au Cameroun depuis janvier 2014. Parmi eux, 80% sont des filles. Pour ceux et celles qui sont parvenus à sortir du groupe djihadiste, le retour est difficile. Ils se heurtent à la méfiance de leur communauté. Certains subissent même des violences en silence, de peur d’être expulsés. Quelle qu’elle soit, leur réintégration est particulièrement compliquée. 

200 enfants libérés lundi

L’Unicef interpelle également les autorités locales et pointe du doigt les incarcérations longue durée. La méfiance vis-à-vis des enfants est telle que "1.499 enfants interceptés aux points de contrôle ont été placés sous détention administrative en 2016". Or en février 2017, 592 étaient encore privés de liberté dans des conditions "horribles". 

Lundi, la libération de 200 enfants annoncée par le gouvernement nigérian a été accueilli comme un geste "d’espoir" par les humanitaires, alors que le pays s’apprête à commémorer l’enlèvement de plus de 200 collégiennes survenu il y a trois ans à Chibok. 


Tiphaine PAUCOT-LANDELLE

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