Turquie : deux enfants risquent la prison pour avoir déchiré une affiche d'Erdogan

Publié le 28 octobre 2015 à 16h03
Turquie : deux enfants risquent la prison pour avoir déchiré une affiche d'Erdogan

DROITS DE L'HOMME - La justice turque a engagé des poursuites contre deux garçons de 12 et 13 ans pour "insulte" au président RecepTayyip Erdogan. Leur tort ? Ils sont accusés d'avoir déchiré une affiche à l'effigie de l'homme fort du pays.

Du haut de leur 12 et 13 ans, ils pourraient bientôt se retrouver devant le juge. La justice turque a en effet engagé des poursuites pour "insulte" au président Recep Tayyip Erdogan contre deux garçons. Leur crime ? Avoir déchiré une affiche à l'effigie de l'homme fort du pays, rapporte mercredi le quotidien Hürriyet.

Les deux accusés avaient été surpris le 1er mai en train d'arracher une affiche à l'effigie du chef de l'Etat dans une rue de la grande ville du sud-est à majorité kurde du pays. "On voulait arracher des affiches pour revendre le papier. On n'a pas fait attention à celui qui était sur la photo, on ne savait pas qui c'était", s'est défendu devant le magistrat le plus jeune d'entre eux, identifié par les initiales R.Y.

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"C'est très triste pour le droit"

Dans son acte d'accusation, le parquet de Diyarbakir a requis contre les deux enfants des peines de quatorze mois à quatre ans et huit mois de prison, a précisé le journal. Selon leur avocat Ismail Korkmaz, la première audience du procès a été fixée au 8 décembre. "Si le président poursuit deux enfants pour avoir déchiré un poster, c'est très triste pour le droit", a-t-il commenté.

Les deux jeunes sont poursuivis dans le cadre de l'article 299 du code pénal turc qui punit toute personne qui "porte atteinte à l'image" du chef de l'Etat d'une peine maximale de quatre ans d'emprisonnement. Un crime auquel sont confrontés de plus en plus souvent les juges : depuis son élection à la présidence en août 2014, Recep Tayyip Erdogan a multiplié les poursuites sur la base de cette disposition, visant aussi bien artistes et journalistes que simples particuliers. En décembre dernier, un mineur de 17 ans avait été arrêté dans sa classe et détenu pendant plusieurs jours sous la même accusation, puis condamné à 11 mois de prison avec sursis.

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Thomas GUIEN

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