Floride : qui est Richard Spencer, ce suprémaciste blanc dont le discours a été perturbé à Gainesville ?

Publié le 20 octobre 2017 à 13h40
Floride : qui est Richard Spencer, ce suprémaciste blanc dont le discours a été perturbé à Gainesville ?

RACISME - Le discours de Richard Spencer a été fortement perturbé jeudi sur le campus universitaire de Gainesville. Un incident de plus à l'actif de celui qui incarne à lui seul la droite suprémaciste aux Etats-Unis.

"Hail Trump ! (...) Hail notre victoire !". En novembre 2016, Richard Spencer s'était fait un nom en accueillant avec des saluts nazis l'élection du nouveau patron de la Maison Blanche. Depuis, ce trentenaire tente de faire prospérer ce mouvement baptisé "alt-right". Que ce soit à Charlottesville cet été, où à Gainesville ce jeudi.

C'est dans cette petite ville de 100.000 habitants que Richard Spencer a en effet pris la parole jeudi soir. Preuve de la réputation sulfureuse qui accompagne désormais ce fer de lance de la droite extrême américaine, la ville universitaire avait été placée sous haute sécurité. Drones, tireurs d'élite, hélicoptères et des centaines de policiers étaient ainsi visibles… Le gouverneur avait déclaré l'état d'urgence dans le comté pour contenir les centaines de manifestants, qui ont réussi malgré tout à perturber son discours.

Obscur think tank

"Vous essayez d'arrêter un mouvement qui grossit et qui va résister", a lancé depuis la scène Richard Spencer, au milieu des huées des antiracistes, largement en surnombre par rapport à la trentaine de militants qui étaient présents pour l'écouter. La figure de la droite suprémaciste avait pourtant vu grand puisque 700 tickets étaient en vente… Il n'empêche : à défaut d'attirer les foules, Richard Spencer s'est offert une nouvelle tribune médiatique. Pour preuve, quelques heures avant ce discours, l'ancien président George W. Bush avait estimé que "l'intolérance et la suprématie blanche, sous quelque forme qu'elles soient, sont blasphématoires envers les principes américains".

S'attirer les foudres d'un ancien président, une nouvelle prouesse dont Richard Spencer ne doit pas être peu fier. Ce trentenaire toujours cintré dans un élégant costume et coiffé, comme beaucoup de ses compagnons de route, à la "fasci" (ras sur les côtés, les cheveux soigneusement peignés sur le haut du crâne) semble avide de médiatisation. Objectif : promouvoir le National Policy Institute. Un obscur think tank dirigé par ce diplômé d'études supérieures dont l'idéologie puise dans l'extrême droite traditionnelle et la théorie de la suprématie blanche autant que dans une dénonciation du libre-échange économique.

"Nous ne sommes absolument pas des suprémacistes blancs"

Une idéologie à laquelle a adhéré sur le tard Richard Spencer. Le jeune a tout d'abord grandi dans les beaux quartiers de Dallas (Texas), avant de se passionner pour le philosophe allemand Nietzsche quand il était sur les bancs de l’université de Virginie. C'est cependant à Chicago qu'il va découvrir l’idéologue raciste Jared Taylor. Selon le magazine d'investigation américain Mother Jones, c'est Richard Spencer qui a forgé le terme “Alternative Right” en 2008, avant de lancer un site internet éponyme en 2009. En 2011, il organise une première conférence à Washington. Elle n'attire que 85 personnes.  La seconde, en 2012, un peu plus de 100 spectateurs. Et la dernière, organisée le 19 novembre 2016, plus de 300 participants. Il faudra attendre le rassemblement de Charlottesville, qu'il organise en août 2017, pour que l'Amérique le découvre. Une femme de 32 ans avait été tuée par une voiture ayant foncé dans la foule durant des affrontements avec des sympathisants néonazis et membres du Ku Klux Klan qui s'étaient rassemblés pour défendre la statue du général Lee menacée d'être déboulonnée.

Deux mois plus tard, ce drame n'a visiblement pas changé les convictions de Richard Spencer. "Nous ne sommes absolument pas des suprémacistes blancs", disant préférer le terme d'"identitaires", a-t-il déclaré jeudi soir. Un identitaire persuadé d'avoir le vent en poupe depuis l'élection de Donald Trump. En novembre, il avait évoqué une "connexion psychique" avec le futur président américain : selon Richard Spencer, l'alt-right était une "tête sans corps" et Donald Trump "une sorte de corps sans tête" au début de sa campagne.


Thomas GUIEN

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