New Delhi étouffe dans un brouillard toxique après Diwali

par Allan DELAMOTTE
Publié le 31 octobre 2016 à 22h17
New Delhi étouffe dans un brouillard toxique après Diwali

SMOG - Ce lundi matin, la ville de New Delhi s'est réveillée dans un épais brouillard toxique au lendemain de la grande fête de Diwali où des millions d'hindous ont fait exploser des pétards et tiré des feux d'artifice.

La capitale indienne New Delhi étouffait, ce lundi, dans un brouillard toxique, au lendemain de la grande fête de Diwali où des millions d'hindous ont fait exploser des pétards et tiré des feux d'artifice. Au réveil d'une nuit traversée de détonations et de pétarades, une épaisse fumée enveloppait la ville, masquant le paysage, s'insinuant dans les foyers et jusque dans les tunnels du métro. 

Pour la première fois dans la ville, la barre des 1000 microgrammes de particules fines par mètre cube d'air a été dépassée dans un quartier du sud de Delhi - soit bien au-delà de dix fois les seuils recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Gufran Beig, scientifique en chef à l'institut de prévision et de recherche de la qualité de l'air (SAFAR), a indiqué que les aiguilles de leurs capteurs avaient brièvement dépassé la barre des 1000 dans le quartier de RK Puram peu après minuit, lors du bouquet final de millions de pétards et feux d'artifice.

Un record de 1000 microgrammes de particules fines par mètre cube d'air

Si les concentrations de particules fines ont diminué au cours de la nuit, elles restaient dans l'après-midi au-delà de 500 microgrammes/m3 dans plusieurs quartiers de la capitale. "Presque 60-70% de la fumée vient des pétards", a déclaré M. Beig, indiquant que cette situation était attendue car Diwali, la fête des lumières, est réputée pour être l'une des périodes les plus polluées de l'année. L'air vicié pose "un risque sérieux" de problèmes respiratoires pour les personnes vivant à Delhi, ont averti les autorités lundi, conseillant aux habitants d'éviter les activités physiques en extérieur. 

La qualité de l'air de Delhi s'est constamment dégradée ces dernières années, conséquence d'une urbanisation rapide et des émissions industrielles. Pendant le froid hiver de l'Inde du Nord, la situation est aggravée par les feux allumés par les habitants de la capitale et des environs pour se réchauffer. Exhortant les autorités à agir, des juges étaient allés l'année dernière jusqu'à comparer l'atmosphère de la capitale indienne à une "chambre à gaz". Face à l'ampleur du problème, la municipalité de Delhi et le gouvernement central sont accusés de ne pas adopter des mesures suffisantes face à l'ampleur du problème.

L'air de New Delhi comparé à une "chambre à gaz"

Quelques dispositions ont été prises comme l'interdiction pour les vieux camions de circuler en ville, ou une brève expérimentation de circulation alternée. Pour ses quelque 17 millions d'habitants, le gouvernement de Delhi va installer cette année des purificateurs d'air à cinq carrefours, en extérieur. Ainsi qu'un brumisateur. Des mesures jugées nettement insuffisantes par la communauté scientifique. Pour l'experte Anumita Roychowdhury, dans le cas de Diwali, il faudrait commencer par strictement encadrer la vente de pétards à Diwali et arriver à en faire progressivement abandonner l'usage.

"L'effet de Diwali va se faire sentir pendant un bout de temps à cause de tous les produits chimiques et métaux lourds des pétards qui ont été lâchés dans une atmosphère déjà polluée", prévient-elle. A une semaine de la conférence de l'ONU sur le climat qui doit se tenir à Marrakech au Maroc, l'Unicef a publié lundi un rapport sur les dangers de la pollution atmosphérique pour la santé des enfants. Il en ressort qu'un enfant sur sept dans le monde, soit 300 millions, est exposé à un air toxique qui dépasse jusqu'à six fois les normes internationales. Le plus important contingent d'enfants ainsi à risque est situé en Asie du Sud.


Allan DELAMOTTE

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