EN DIRECT - Procès de Francis Heaulme : la personnalité du "routard du crime" et l'instruction au coeur des débats ce vendredi

par Maud VALLEREAU
Publié le 28 avril 2017 à 16h26, mis à jour le 28 avril 2017 à 16h52
EN DIRECT - Procès de Francis Heaulme : la personnalité du "routard du crime" et l'instruction au coeur des débats ce vendredi

COMPTE-RENDU D'AUDIENCE - Le "routard du crime" a repris le chemin des assises. Depuis mardi matin, Francis Heaulme, déjà condamné pour neuf meurtres, est jugé à Metz pour celui de deux enfants à Montigny en 1986. Et a répété, mardi, qu’il n’y était pour rien lors de la première journée de ce procès hors norme. Suivez avec nous et avec le live tweets de notre journaliste sur place ce quatrième jour d'audience. De nouveaux témoignages autour de la personnalité de Francis Heaulme sont attendus.

Le bouton rouge du surprenant ascenseur qui donne directement dans le box vitré des accusés se met à clignoter. Dos vouté, mains menottées, Francis Heaulme fait son entrée. Les flashs des photographes immortalisent ce qui devrait être la dernière apparition publique du tueur en série. "Montigny-lès-Metz" est son dernier procès. Déjà condamné pour neuf meurtres, le "routard du crime" devra répondre de ceux d’Alexandre Beckrich et Cyril Beining, 8 ans, tués à coups de pierres un dimanche de septembre 1986. Après, la justice devrait en avoir fini avec lui. Francis Heaulme vient d’avoir 58 ans et en paraît 15 de plus. Cheveux blancs coupés courts, le teint aussi pâle que les murs défraichis de la cour d’assises, il parcourt du regard les membres du public, s’arrête sur certains. Et observe les caméras braquées sur lui. Quelques minutes après, l’accusé fait savoir qu’il refuse d’être filmé. 

D’une voix quasi inaudible, l’homme qui courbe sa grande carcasse à hauteur de micro décline son identité "Francis Heaulme (…) Sans profession". Son avocate, Liliane Glock, ouvre les hostilités en dénonçant  un "procès inéquitable",  les failles d’une procédure vieille de trente ans, et "les scellés,  preuve absolues, qui ont été détruits" à la demande du parquet en 1995, époque où Patrick Dils était alors condamné pour le meurtre des deux enfants. L’ADN du sang retrouvé sur la scène de crime ne parlera plus. "La logique serait d'acquitter Francis Heaulme immédiatement car pas de preuves, pas de procès",  assène Me Glock. "Les familles ont une exigence de la preuve et cette preuve a été détruite. Sans les pierres, sans les prélèvements ADN, la remarque de la défense est compréhensible", abonde Dominique Rondu, avocat de la grand-mère d’Alexandre Beckrich. Les précédents procès - cinq au total - ont laissé des traces. Un accusé en a chassé un autre, mais sa cliente reste persuadée de la culpabilité de Dils.  

"Des parents appellent en vain les enfants"

Une conviction que ne partage pas la mère d’une des victimes, Chantal Beining. C’est ce petit bout de femme, aujourd’hui âgée de 74 ans, qui s’est battue pour que la justice rouvre le dossier Heaulme. "Je veux qu’on entende cette petite voix qui n’en peut plus", fait valoir son avocate Dominique Boh-Petit décrivant cette mère "ballotée de coupable en coupable. Dils, Leclaire, Heaulme... Cela fait 30 ans qu’elle attend de savoir qui a tué Cyril !" En 2014, la cour avait renvoyé le procès de Francis Heaulme après deux témoignages surprises mettant en cause un autre homme : Henri Leclaire. Comme Patrick Dils, ce dernier a fini par être innocenté.

Le père d’Alexandre Beckrich n’a de son côté "pas eu la force" d’assister à cette nouvelle épreuve judiciaire. "On n’a pas le droit aujourd’hui, à la lisière de ce procès, de mettre notre administration au pilori, accuse son avocat Thierry Moser. Lorsque l’accusé vient réclamer son acquittement immédiat, je suis pantois, sidéré, je suis troublé par cette demande aussi déraisonnable". Francis Heaulme, bras croisés et front renfrogné, écoute immobile les débats se jouer. La cour s’accorde quelques minutes, revient et déclare "irrecevable" sa demande d’acquittement.

Le président poursuit avec la lecture de l’acte d’accusation. "Les enfants se rendent sur le talus de la voie ferrée. Ils jouent au football. (…) La nuit tombe (…) Des parents appellent en vain les enfants (…) Les corps sans vie sont découverts"... Un récit détaillé et pénible pour les parties civiles qui ont quitté la salle d’audience. Après trois heures d’un exposé douloureux, le président Gabriel Steffanus en vient aux confidences qu’auraient faites Francis Heaulme à ses codétenus en prison. "Le bruit des pierres sur le crâne des enfants", et ses impossibles aveux "par crainte que sa sœur ne vienne plus le voir en prison". Francis Heaulme s’agace, trépigne, se lève et finit par lancer distinctement : "C’est ma vie que vous racontez là ! J’ai commis des meurtres, oui, mais Montigny c’est pas moi ! Montigny, c’est pas moi". 


Maud VALLEREAU

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