L’embarrassante mise en examen du pensionnaire d'un centre de déradicalisation

Publié le 22 janvier 2017 à 16h20
L’embarrassante mise en examen du pensionnaire d'un centre de déradicalisation
Source : AFP

COUAC - Un pensionnaire du centre de déradicalisation de Pontourny (Indre-et-Loire) a été interpellé mardi par la DGSI. Ce jeune homme qui faisait partie de la filière djihadiste de Strasbourg il y a quelques années a été mis examen vendredi.

C’est une affaire embarrassante dont se serait bien passé le ministère de l'Intérieur. L'un des pensionnaires d’un des premiers centres de déradicalisation  a été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste délictuelle et écroué vendredi, révèle une source judiciaire à l'AFP. Mustapha S. est soupçonné avec deux autres hommes arrêtés à ses côtés dans le Bas-Rhin d'avoir voulu se rendre en 2016 en zone irako-syrienne.

Le jeune homme de 24 ans avait été admis au mois de septembre dans le centre de Pontourny à Beaumont-sur-Vernon (Indre-et-Loire). La structure venait d’être ouverte par le gouvernement. Mustapha S. était connu et suivi par le renseignement français puisqu'il avait fait partie de la filière djihadiste de Strasbourg, un groupe de jeunes hommes originaires du Bas-Rhin qui avaient rallié la zone irako-syrienne en décembre 2013. Dans cette bande, se trouvait Foued Mohamed-Aggad, l'un des kamikazes du Bataclan, et deux autres frères morts en Syrie. Mustafa S. n'était lui pas parti car sa famille l'avait rattrapé in-extremis à l'aéroport de Francfort.

Le centre censé accueillir des profils "light"

Comment le jeune homme s’est-il retrouvé dans ce centre de déradicalisation ? Cette structure était en effet censée accueillir des profils plus "light", en d’autres termes, des jeunes en voie de radicalisation et non déjà radicalisés. "Aucun ne sera sous main de justice pour faits de terrorisme, n'aura tenté d'aller en Syrie ou n'aura été condamné pour des faits de violence", avait alors expliqué le préfet d'Indre-et-Loire Louis Lefranc en septembre. Si Mustafa S. n’était à l’époque pas poursuivi dans des affaires de terrorisme, ses velléités de départ pour la Syrie étaient connues. Selon les informations du Monde, qui a révélé l’information de son arrestation, la DGSI avait même émis un avis négatif sur son intégration dans le centre, "convaincue que le jeune homme, auteur de deux tentatives de départ en moins de trois ans, était susceptible de récidiver". Mais le service n’aurait pas été entendu et aurait lui-même procédé à l’interpellation du jeune homme dans le cadre d’une enquête préliminaire sur son deuxième projet de départ en mai 2016. Les trois hommes auraient finalement rebroussé chemin après un contrôle de police sur une aire d'autoroute en Allemagne. 

D’après le journal, l’admission de Mustafa S. dans le centre s’expliquerait notamment par le fait que les candidats à la déradicalisation sont rares. La structure n’accueille depuis son ouverture il y a quelques mois que 5 pensionnaires sur les 25 places disponibles. Mardi, le jeune homme a été arrêté par les agents de la DGSI à Wissembourg, où réside sa famille, alors qu’il bénéficiait d’une permission de sortie. 

"La question de la fermeture du centre clairement posée"

Pour Laurent Baumel, député PS de la circonscription, "l'Etat n'a pas réussi à stabiliser le recrutement des pensionnaires et est tenté en permanence d'outrepasser les critères qui ont été négociés". "La question de la fermeture du centre est clairement posée", a-t-il commenté auprès de l'AFP. Le préfet d'Indre-et-Loire Louis Le Franc a de son côté convenu qu'"il y aura des mesures à prendre" dans le cadre du Comité de suivi négocié avec les élus locaux et qu'il est chargé d'animer. Une réunion de ce comité de suivi est programmée "début février".


La rédaction de TF1info

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