Policier de Drancy jugé pour violences : la justice veut le poursuivre pour "viol", le prévenu va faire appel

Publié le 21 février 2017 à 7h53, mis à jour le 21 février 2017 à 19h36
Policier de Drancy jugé pour violences : la justice veut le poursuivre pour "viol", le prévenu va faire appel
Source : JACQUES DEMARTHON / AFP

JUSTICE - Un policier municipal de Drancy accusé d’avoir violenté avec sa matraque un jeune homme lors d’une interpellation mouvementée en 2015 était jugé ce lundi au tribunal de Bobigny. Ce dernier s'est déclaré incompétent et a réclamé la requalification des faits en "viol". L'avocat du fonctionnaire a indiqué à LCI qu'il comptait faire appel de cette décision.

C'est un dossier qui a pris un nouvel écho avec la révélation de l'"affaire Théo". Le tribunal de Bobigny a rendu ce lundi 20 février son jugement à l'encontre d'un policier municipal de 33 ans accusé d'avoir violenté avec sa matraque un jeune homme, aujourd'hui âgé de 29 ans, lors d'une interpellation en 2015.  Il s'est estimé incompétent et a réclamé la requalification des faits en "viol".

Au vu des certificats médicaux présentés par la victime faisant état d'une "pénétration anale", "les faits sont de nature à entraîner une requalification criminelle", a déclaré la présidente de la 14e chambre. Si l'avocate du jeune Alexandre s'est félicitée de cette demande de requalification, l'avocat du policier Florent Hauchecorne indique à LCI avoir reçu l'instruction de son client de faire appel de cette décision. "Il sera déposé dans les tous cprochains jours", nous précise-t-il ce lundi dans la soirée. "Le tribunal de Bobigny, après l'enquête préliminaire, avait décidé d'écarter l'incrimination de viol et avait saisi le tribunal correctionnel de faits délictuels" rappelle-t-il encore, blâmant aujourd'hui les violences qui ont selon lui suivi la médiatisation de l'"affaire Théo" et poussé un tribunal à rendre une décision sans la sérénité nécessaire. "L'affaire sera donc jugée par la cour d'appel de Paris, dans un autre contexte nous l'espérons". 

Les faits remontent au 29 octobre 2015, à Drancy. Ce soir-là, une patrouille de policiers municipaux intervient pour tapage nocturne dans un immeuble de la ville. C'est là qu'ils interpellent Alexandre, aujourd'hui âgé de 29 ans, en état d'ébriété. Il est alors conduit au commissariat de Drancy. 

C'est un peu plus tard, lors de son transfert à Bobigny pour son placement en garde à vue, qu'Alexandre sera violenté. Pour le contraindre à monter dans un véhicule, le fonctionnaire, Arnaud P., fait alors usage de sa matraque télescopique. Pendant sa garde à vue, le jeune homme se plaint de douleurs, affirmant qu'un policier lui a introduit une matraque dans l'anus.  A l'hôpital, un médecin constate alors une "plaie ouverte profonde de 1,5 cm" au niveau de l'anus. Alexandre s'était vu prescrire dix jours d'interruption totale de travail (ITT).

Comme pour Théo, un bâton qui "dérape"

Au terme de l'enquête, ce policier avait été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour "violence aggravée". Devant les enquêteurs, il avait expliqué que le bâton avait dérapé alors qu'il tentait de maîtriser l'homme qui se débattait.

Lors de son procès le 16 janvier le policier en question n’a pas su expliquer comment cela avait pu arriver, racontant n'avoir rien vu. De son côté, le procureur a évoqué des "violences policières indéniables". Il a toutefois écarté la requalification en viol demandée par les avocats d'Alexandre, estimant que le geste avait peut-être une "connotation sexuelle" mais ne revêtait pas pour autant un "caractère sexuel". 

Rassemblements pour Théo : des manifestations un peu partout en France et quelques incidents Source : JT 20h WE
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La rédaction de TF1info

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