Procès Merah : cinq semaines pour juger les deux complices présumés de Mohamed Merah

Publié le 2 octobre 2017 à 6h49, mis à jour le 2 octobre 2017 à 11h42
Procès Merah : cinq semaines pour juger les deux complices présumés de Mohamed Merah

JUSTICE – Cinq ans après les tueries de Montauban et Toulouse perpétrées par Mohamed Merah, Abdelkader Merah, 35 ans et frère aîné de l'assassin, et Fettah Malki, 34 ans, sont jugés à partir de lundi pour "complicité" devant la cour d'assises spéciale de Paris. En huit jours, le tueur avait tué sept personnes, dont trois enfants, avant d'être abattu par les forces de l'ordre le 22 mars 2012. Le procès de ses complices présumés doit durer 24 jours.

Cinq semaines de procès, six magistrats, deux avocates générales, 150 journalistes accrédités, 232 parties civiles, 23 avocats, 49 témoins, 11 experts et dans le box, deux accusés.  Lundi 2 octobre, à 10 heures débute devant la cour d'assises spéciale de Paris le premier grand procès de terrorisme jamais jugé en France. Pendant 24 jours, Abdelkader Merah et Fettah Malki devront répondre de  "complicité d’assassinats terroristes" pour le premier et pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, recel, vol et détention d’armes" pour le second. Les deux hommes âgés de 35 et 34 ans sont soupçonnés d'avoir, en 2012, aidé Mohamed Merah dans la réalisation des crimes perpétrés à Montauban et Toulouse qui ont coûté la vie à sept personnes. Dont trois enfants. 

Pour le parquet de Paris en effet, le frère aîné du meurtrier "apparaît comme un élément central et moteur des actions mortifères".  Abdelkader Merah est accusé d'avoir "sciemment" facilité "la préparation" des crimes de son frère en lui fournissant un blouson et en l'aidant à dérober un puissant scooter utilisé lors des faits. A ses côtés, comparaîtra un délinquant toulousain, Fettah Malki, 34 ans, qui a reconnu avoir fourni à Mohamed Merah un gilet pare-balles, un pistolet-mitrailleur Uzi et des munitions utilisées par le tueur. Si les deux accusés reconnaissent la matérialité des faits, ils contestent avoir connu les intentions criminelles de Mohamed Merah. Jusqu'au 3 novembre, la cour d'assises spéciale devra revenir sur ces événements tragiques.

Escalade dans l'horreur

Tout avait commencé le 11 mars 2012, vers 16 heures, quand le corps sans vie d'Imad Ibn-Ziaten, 30 ans, sous-officier affecté au 1er régiment de Train parachutiste a été retrouvé sur le parking du gymnase du Château de l'Hers à Toulouse. La France l'ignorait encore mais ce meurtre allait être le premier d'une longue série... 

Quatre jours plus tard,  le 15 novembre 2012, un double meurtre et une tentative d'assassinat étaient commis à Montauban contre des militaires en tenue du 17e régiment du génie parachutiste par un homme ayant pris la fuite sur un scooter de grosse cylindrée. Loïc Liber, 27 ans, a survécu à ses blessures. Abel Chenouf, 25 ans, er Mohamed Legouad, 23 ans, respectivement atteints par 4 et 7 ou 8 tirs, ont perdu la vie. 

Enfin, le 19 mars 2012, peu avant 8 heures du matin l'horreur atteignait son point culminant dans cette escalade dans l'horreur. En quelques secondes, dans l'école Ozar Hatorah, à Toulouse, quatre personnes dont trois enfants étaient assassinées et une autre blessée par un individu. Jonathan Sandler, 30 ans, ses deux fils Gabriel et Arié, 5 et 3 ans, et Myriam Monsonego ont perdu la vie ce jour-là. Blessé, Aaron Bijaoui, 15 ans, touché par trois balles a survécu. 

"Attaques revendiquées"

Les attaques de 2012 avaient été revendiquées par le groupe jihadiste Jund al Khalifat, affilié à Al Qaïda et dirigé par le tunisien Moez Garsallaoui. L'émir aurait adoubé Mohamed Merah et l'aurait initié aux maniement des armes lors d'un voyage du Franco-algérien en octobre 2011 dans les zones tribales du Pakistan. 

Commis en pleine campagne présidentielle, en 2012, ces assassinats avaient plongé la France dans une nouvelle forme de terrorisme. Trois ans après les attentats de Charlie Hebdo, du Stade de France, des terrasses parisiennes et de la salle de concert Le Bataclan allaient être commis dans la capitale, avant celui de Nice, en 2016

Radicalisation en prison, dissimulation, utilisation d'armes de poing, action solitaire cautionnée par un groupe terroriste, mort en "martyr"... l'affaire Mérah a "cassé tous les codes préexistants", contraignant le renseignement, la police, la justice et le législateur à adapter les lois et les techniques d'investigation, a souligné le juge antiterroriste Christophe Teissier lors d'un colloque.

Le procès ne sera pas filmé

Il y a quelques semaines, Olivier Morice, avocat de la famille du militaire Mohamed Legouad, avait demandé que ce procès emblématique soit filmé,  arguant de "sa portée historique". La justice a rejeté cette requête. La première présidence de la cour d'appel de Paris a considéré que le "procès ne présente pas un intérêt proprement dit pour les archives historiques de la justice", a justifié vendredi 22 septembre une source judiciaire confirmant une information de RTL.

Selon cette source, "au-delà du caractère atroce ou du retentissement de l'affaire", l'intérêt historique est jugé "faible" pour ce procès qui "aura à juger notamment un complice présumé", Abdelkader Merah, le frère du tueur au scooter abattu par la police. Abdelkader Merah, qui sera défendu par Me Dupond-Moretti, encourt la réclusion criminelle à perpétuité, Fettah Malki, lui, risque vingt ans de prison.


Aurélie SARROT

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