Ex-sympathisante FN devenue passeuse de migrants par amour : Béatrice Huret reconnue coupable mais dispensée de peine, le parquet fait appel

Publié le 28 juin 2017 à 12h10, mis à jour le 28 juin 2017 à 12h16
Ex-sympathisante FN devenue passeuse de migrants par amour : Béatrice Huret reconnue coupable mais dispensée de peine, le parquet fait appel

PROCÈS - Béatrice Huret, une ancienne sympathisante du Front national, a été reconnue coupable ce mardi par le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer d'avoir aidé des migrants à traverser la Manche en bateau en juin 2016. Elle a néanmoins été dispensée de peine mais le parquet a fait appel de cette décision mercredi. Béatrice Huret était tombée amoureuse d'un migrant de la "Jungle" de Calais qu'elle a voulu aider.

"Je l'ai fait par amour". C'est ce que Béatrice Huret, 45 ans, a expliqué devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer où elle était jugée. Cette ancienne sympathisante FN avait aidé un Iranien à traverser la Manche en 2016 et encourait 10 ans de prison. Mais si elle a été reconnue coupable ce mardi, les magistrats l'ont dispensée de peine. Ils n'ont en effet pas retenu les circonstances aggravantes de "bande organisée" ou de "mise en danger d'autrui". Béatrice Huret s'est dit "soulagée" de cette décision. 

Mercredi, le parquet a cependant décidé de faire appel de ce jugement. "J'ai croisé à l'audience la substitut Camille Gourlin, elle m'a confirmé que le parquet ferait appel", a déclaré à l'AFP Me Marie-Hélène Calonne, léatrice Huret.

Veuve depuis 2010 d'un mari travaillant à la police aux frontières (PAF), Béatrice Huret, mère d'un ado, formatrice pour adultes, menait une vie routinière. Comme elle le dévoile dans l'ouvrage "Calais mon amour" (édition Kero, diffusé à 13.000 exemplaires), sa vie bascule une première fois en février 2015 lorsqu'elle prend en stop un jeune Soudanais perdu dans le centre-ville de Calais pour l'accompagner à la "Jungle", le bidonville alors naissant.

"Coup de foudre"

"Cela a été un choc", expliquait-elle début juin à l'AFP. Elle décide alors de s'y rendre régulièrement comme bénévole. Elle est bouleversée par la manifestation d'un groupe d'Iraniens qui s'étaient cousu la bouche pour protester contre le démantèlement d'une partie du camp... Et ressent "un coup de foudre" pour l'un d'eux, Mokhtar, leur porte-parole, alors âgé de 35 ans, originaire de Javanroud et converti au christianisme.

Après avoir perdu sa trace, elle accepte plus d'un an plus tard via une connaissance de la "Jungle" d'accueillir Mokhtar et un autre Iranien à son domicile, où elle vit avec son fils et sa mère. Leur relation débute : "Mokhtar m'a rendu le goût de l'amour oublié", écrit cette ancienne électrice du FN, pour qui elle votait "sans se poser de questions". Mais désireux de rejoindre l'Angleterre coûte que coûte, Mokhtar tente un passage outre-Manche en camion. Echec. Vient alors l'idée d'acheter un bateau pour la traversée - périlleuse - du détroit, une pratique peu courante. 

A Calais, la situation des migrants continue de diviserSource : JT 13h Semaine

Un bateau acheté sur Leboncoin pour qu'il aille en Angleterre

Après avoir acheté sur le "Bon coin" un bateau, inscrivant sur la carte grise le nom de son défunt grand-père, elle organise avec Laurent C., autre prévenu, la traversée le 11 juin 2016 au départ de Dannes, entre Le Touquet et Boulogne, avec deux autres passagers iraniens. Après une journée d'angoisse, elle découvre sur le site du Daily Mail que "trois migrants iraniens ont été secourus par les garde-côtes" alors que l'embarcation chavirait, mettant un terme "au périple qui avait duré huit mois depuis l'Iran". 

Transféré dans un foyer du nord de l'Angleterre, Mokhtar, qui a obtenu depuis le statut de réfugié, reçoit régulièrement la visite de Béatrice Huret... Qui est interpellée à son travail mi-août et placée en garde à vue. Accusée d'être une passeuse, elle rétorque dans son livre: "J'ai amené un bateau sur une plage. Point. Je l'ai fait par amour (...), ça ne m'a rien rapporté". 


La rédaction de TF1info

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