En survêt' à paillettes, Jawad Bendaoud revient au tribunal sans coups d'éclat

par Aurélie SARROT Aurélie Sarrot
Publié le 21 novembre 2018 à 16h13, mis à jour le 21 novembre 2018 à 18h42
En survêt' à paillettes, Jawad Bendaoud revient au tribunal sans coups d'éclat
Source : AFP

JUSTICE – Le procès en appel de Jawad Bendaoud, jugé pour avoir logé deux djihadistes du 13-Novembre 2015, dont Abdelhamid Abaaoud, s'est ouvert ce mercredi devant la cour d'appel de Paris. Le "logeur de Daech" comparait pendant un mois aux côtés de deux autres prévenus : Youssef Aït Boulahcen, jugé pour "non-dénonciation de crime terroriste", et Mohamed Soumah, jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes".

Il est arrivé avant l’heure, accompagné de son avocat Me Xavier Nogueras. Ce mercredi matin, Jawad Bendaoud est resté un long moment avec son conseil devant la salle d'audience avant que les gendarmes n’ouvrent les portes. A quelques mètres de lui, de nombreux journalistes venus assister au premier jour de son procès en appel. 

Arrivé en taxi au palas de justice, le "logeur de Daech" qui comparait libre, après avoir été relaxé le 14 février dernier, n’a fait aucune déclaration avant de pénétrer dans la salle d’audience, se contentant de poster sur son compte Snapchat "Et c'est reparti !". 

En jogging noir et paillettes

"Apparemment, il n’y aura pas de show cette fois. Tant mieux", nous confie une partie civile qui, comme beaucoup d’autres, avait déploré l’attitude de Jawad Bendaoud au cours de son premier procès et qui redoutait la même chose aujourd'hui. "Le spectacle aujourd’hui, c’est plutôt sa tenue… Un jogging noir avec des paillettes dorées au tribunal, c’est pas possible", chuchote un avocat à  un confrère. Mais bon, s’il en reste là côté show, ça ira". 

Désormais âgé de 32 ans, Jawad Bendaoud est jugé jusqu’au 21 décembre par la cour d’appel de Paris pour "recel de malfaiteurs terroristes". Il est soupçonné d’avoir fourni l'appartement où les terroristes Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh s'étaient repliés, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) après les attentats de Paris. 

Le prévenu a toujours affirmé qu’il ignorait que ces deux hommes étaient impliqués dans les attaques sanglantes. "Nan mais franchement, vous pensez vraiment que si j’avais su que j’avais des terroristes à la maison, je serais rentré tranquillou chez moi comme je l’ai fait ce soir-là pour manger un sandwich dinde-Boursin et regarder un film sur Netflix?", avait-il lancé au cours de son procès en janvier. 

Un show qui n'avait pas fait rire tout le monde

Cette phrase, comme beaucoup d’autres, a marqué les esprits mais le "Jawad comedy club" n’avait pas fait rire tout le monde.  "Je m'excuse, je n'ai jamais voulu faire le show. je lis que c'est le Jawad Comedy Club. C'est plutôt le Jawad Tragédie Club. J'ai jamais voulu faire rire. C'est la seule chose que j'ai : l'arrogance", avait-il tempéré le 7 février avant que la décision ne soit mise en délibéré. 

Le 14 février finalement, le tribunal correctionnel avait relaxé le trentenaire. Il avait en effet estimé qu'il n'était "pas prouvé" que Jawad Bendaoud avait "fourni un hébergement à deux individus qu'il savait être des terroristes du 13-Novembre, afin de les soustraire aux recherches et éviter ainsi leur arrestation". Jawad Bendaoud avait quitté la prison le soir même. Il a été condamné depuis dans d’autres affaires. Il est aujourd’hui libre et porte un bracelet électronique. 

Il dégaine son portable

"Ce mercredi matin,  il est resté calme et sobre. Une sobriété à laquelle nous ne sommes guère habitués", note un avocat. Tous espèrent que cette sérénité va durer durant les débats. "Son comportement l'hiver dernier lui a valu une relaxe, il va peut-être recommencer malheureusement", nous confiait Me Mouhou, qui représente une soixantaine de parties civiles à la veille de l’ouverture de ce procès en appel. 

Mais Jawad Bendaoud ne s'est pas emporté... ou presque. Excédé par les journalistes qui le photographiaient et qui le filmaient, le prévenu a sorti son mobile à plusieurs reprises devant la salle d'audience pour faire la même chose. "Tu me filmes, je te filme" a-t-il lancé à un caméraman. Il a également posté sur Snapchat une photo de la presse derrière les barrières de sécurité.. Le ton serait par ailleurs monté à l'extérieur du palais alors qu'un journaliste le poursuivait pour l'immortaliser... 

Jusqu'à six ans de prison

Jawad Bendaoud encourt une peine de six ans de prison, pour "recel de terroristes", en récidive légale. Si la relaxe est confirmée, il pourra demander une indemnisation pour sa détention provisoire de 27 mois à l'isolement, de 2015 à 2018. Son procès doit durer un mois. Deux autres prévenus comparaissent à ses côtés : Youssef Aït Boulahcen, jugé pour "non-dénonciation de crime terroriste", et qui avait été condamné à quatre ans de prison (dont un avec sursis) et Mohamed Soumah, détenu, qui avait lui été condamné à cinq ans d'emprisonnement. 

Les journées de jeudi et vendredi, seront consacrées à Youssef Aït Boulahcen. A partir de mercredi prochain et jusqu’à vendredi, la cour entendra Jawad Bendaoud.  


Aurélie SARROT Aurélie Sarrot

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