Procès Merah : la très controversée mère du "tueur au scooter" et de son frère à la barre

par Aurélie SARROT Aurélie Sarrot
Publié le 18 octobre 2017 à 9h01, mis à jour le 18 octobre 2017 à 15h21
Procès Merah : la très controversée mère du "tueur au scooter" et de son frère à la barre

JUSTICE – Zoulikha Aziri, mère d’Abdelghani, Souad, Aïcha, Abdelkader et Mohamed Merah, déposera ce mercredi après-midi devant la cour d’assises spéciale. La venue de cette femme à la barre, qui défend ses fils, assassin pour l’un, accusé de complicité dans les actes terroristes de son cadet pour l’autre, laisse d’ores et déjà entrevoir une audience mouvementée.

Elle est le "témoin numéro 4",  l’un de ceux les plus attendus. Zoulikha Aziri, "génitrice" comme l’appelle l’un de ses fils, des enfants Merah, témoignera ce mercredi après-midi, à 16h normalement, devant la cour d’assises spéciale de Paris. 

La mère de celui qui sera surnommé "le tueur au scooter" après les attentats de Toulouse et Montauban en mars 2012, attentats qui ont fait sept morts donc trois enfants, et d’Abdelkader Merah, son frère aîné aujourd’hui accusé de complicité dans les actes terroristes de son cadet, devra également répondre aux nombreuses questions qui lui seront posées par les avocat, magistrats et par l’accusation. Sa venue est particulièrement attendue même si ce ne sera pas son premier passage.

Insultée au premier jour du procès

Le 2 octobre, premier jour du procès d’Abelkader Merah et Fettah Malki, Zoulikha était présente un moment dans la salle pour l’appel des témoins et la fixation de leur date de déposition. "Vous viendrez le 18 octobre à 16h, un interprète sera présent", lui avait alors dit le président avant que celle-ci n’adresse un baiser à son fils, à moins de trois mètres d’elle, dans le box des accusés. Un geste qui n’avait pas du tout plu aux familles des victimes. 

Alors qu’elle s’éloignait de la barre, et s’apprêtait à regagner la sortie (un témoin ne peut rester dans une salle d’audience après avoir déposé), Samuel Sandler, père de Jonathan Sandler, 30 ans, et grand-père d’Arié et Gabriel, 5 et 3 ans, lui avait lancé : "Tas de merde". Ce que Zoulikha Aziri avait fait remarquer à un gendarme, avant de quitter la salle. 

" Mon fils il est innocent"

Devant les journalistes qui l’attendaient en nombre en bas des marches de la cour d'assises, elle avait déclaré : "Mon fils il est innocent, il y est pour rien. Voilà. Il y est pour rien Abdelkader ! Je battre pour lui. Moi mon fils il y est pour rien. Je suis désolée pour Mohamed Merah. Qu’est ce qu’il a fait c’est pas bien. C’est pas bien ce qu’il a fait, je suis pas d’accord. C’est pas bien de tuer des gens comme ça. On n'est pas des terroristes, on n’est pas des gens qui tuent. L’islam il fait pas comme ça" (sic). 

Elle avait continué : "Pourquoi Abdelkader ils l’ont amené ici ? Pourquoi il a passé cinq ans en prison pour rien ? Franchement, la vérité, je pleure pour mon fils, je pleure pour les victimes, pour la famille, pour les filles, les garçons, pour les hommes qui sont morts, mais Abder, je suis désolée…"

Un premier témoignage choc en 2013

Zoulikha Aziri a quitté Toulouse après les tueries des 11, 15 et 19 mars 2012. Moins d’un an plus tard, en mars 2013, elle apparaissait pour la première fois dans un documentaire nommé "Affaire Merah, itinéraire d’un tueur". Les avocats des  familles des victimes avaient alors demandé à ce que le reportage ne soit pas diffusé, mais n’avaient pas obtenu gain de cause.

Sur les images, Zoulikha Aziri y montrait une photo d'un petit garçon et commentait : "Regarde comme il est beau." C’est Mohamed Merah. Venait alors l’autre cliché, celui d’un jeune homme ensanglanté, pris le 22 mars 2012 rue du Sergent- Vigné à Toulouse alors que le Raid vient de neutraliser Merah. "Je pleure pour lui et pour les autres victimes", déclarait déjà Zoulikha Aziri, vêtue d'un hijab gris, face caméra. 

"Je regrette beaucoup"

Dans ce même documentaire, Zoulika Aziri reconnait qu’elle n’arrivait pas à "élever ses enfants". Mohamed sera placé en foyer. "Il ne voulait pas, il pleurait […]. C’est à cause de moi qu’il est devenu comme ça. Je regrette beaucoup…" dit-elle à l’époque. 

Concernant la radicalisation de son petit dernier, elle affirme n’avoir rien vu venir. Selon elle, Mohamed n’a jamais parlé du djihad et son engagement religieux était plus là pour faire rentrer le jeune délinquant dans les rangs. Les voyages ? Elle n’aurait jamais cherché plus loin comme motivation que le simple loisir… 

Difficile de convaincre l’accusation

Ce mercredi, Zoulikha Aziri devra trouver des réponses sans doute plus convaincantes sur ces sujets pour les avocats des parties civiles, comme pour l’accusation qui n’accordent ni le pardon à Mohamed Merah, ni le bénéfice du doute à son frère Abdelkader. Des question sur les violences intra-familiales, sur la religion, sur son divorce avec le père de ses cinq enfants puis son remariage avec Mohamed Essid devraient être également abordés.

La défense devrait elle aussi questionner le témoin. Dès la première semaine du procès, Me Dupond-Moretti avait fait référence à un article paru sur un site internet le 5 octobre et dans lequel un journaliste indiquait que Zoulikha Aziri avait "obtenu un logement social à Tremblay afin de pouvoir se rapprocher de son fils Abdelkader, alors incarcéré à la maison d’arrêt de Villepinte (il a depuis été transféré à Vivonne)".

Me Dupond-Moretti avait le jour-même de la parution de cet article demandé à un témoin anonymisé et policier s’il connaissait ce "Monsieur X", auteur du papier. Le témoin avait alors répondu "Non". "On en reparlera", avait alors promis Me Dupont-Moretti. Le sujet sera peut-être abordé lui aussi ce mercredi...


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