Procès Merah : qui est Fettah Malki, le 2e accusé qui a"enfin" pris la parole

Publié le 23 octobre 2017 à 13h32, mis à jour le 24 octobre 2017 à 14h14
Procès Merah : qui est Fettah Malki, le 2e accusé qui a"enfin" pris la parole
Source : AFP

JUSTICE – Il est jugé depuis le 2 octobre aux côtés d’Abdelkader Merah par la cour d’assises spéciale. Fettah Malki, 34 ans, poursuivi pour "association de malfaiteurs terroristes", était interrogé ce lundi après-midi. Un interrogatoire attendu pour un accusé que l’on avait, jusqu’à ce jour, très peu entendu.

Certains jours, on pourrait croire qu’un seul accusé est depuis le 2 octobre et jusqu’au 3 novembre dans le box. Depuis le début du procès d’Abdelkader Merah et de Fettah Malki, le deuxième homme n’a en effet était que très peu entendu. A dire vrai, c’est à peine si l’on a perçu le son de sa voix…

Fettah Malki, 34 ans (35 le 30 octobre prochain) alors que le procès touchera à sa fin, comparait pourtant pour "association de malfaiteurs terroristes" et encourt vingt ans de prison. Moins qu’Abdelkader Merah, frère de Mohamed Merah, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité d’assassinats certes mais beaucoup quand même. ..

Ce lundi après-midi était consacré à son interrogatoire. Car Fettah Malki est accusé d'avoir fourni des armes à Mohamed Merah, des munitions, des fonds et un gilet pare-balles estampillé "police". Il a reconnu avoir fourni le pistolet mitrailleur Uzi à Mohamed Merah. L’arme sera utilisée pour tuer quatre personnes et en blesser deux autres dans l’enceinte de l’école Ozar Hatorah, le 19 mars 2012. 

S’il reconnait avoir donné le Uzi à Mohamed Merah, Fettah Malki assure encore aujourd’hui qu’il ignorait tout de ses intentions criminelles. Portrait d’un délinquant de droit commun  qui, selon plusieurs témoins, n’a rien à voir avec "un terroriste", un  "criminel" et qui ne s’intéresse pas "à la religion".  Dans le box, Fettah Malki, de nationalité algérienne, a la tête d’un gamin. Cheveux court légèrement bouclé, barbichette, l’accusé passe le plus clair de son temps la tête baissé et se ronge souvent les ongles, sans doute plus par ennui que par angoisse.

Un enfant reconnu, l'autre non

Fettah Malki a grandi dans le quartier des Izards. Il n’a pas de diplôme et n’a que peu travaillé. Il a été embauché deux fois quelques mois en tant que  "pizzaïolo". Alors qu’il n’a que 15 ans, le jeune garçon fréquente une de ses voisines, Christelle C. plus âgée que lui, avec qui il aurait une petite fille, née en 2002. 

 Son ex-compagne, venue à la barre ce lundi matin, a décrit une relation "chaotique" avec Fettah Malki. Un "jeune dans sa tête" qui vivait alors avec sa mère et venait la voir quand il voulait, "sans prévenir", a raconté Christelle C., aujourd’hui mère de six enfants qui ont six pères différents et qu’elle élève seule. 

Fettah Malki a eu une deuxième fille en 2013, avec une  autre femme, Anouma B. Il n’a reconnu pas reconnu le premier enfant mais a reconnu le deuxième. 

Huit mentions au casier

Interpellé en mai 2013, un peu plus d’un an après les sept assassinats et la tentative d’assassinat commis par Mohamed Merah en mars 2012 à Toulouse et Montauban, Malki est resté un temps à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis dans une unité dédiée pour les personnes radicalisées avant d'en être retiré.

Lui comme son ex-compagne ont toujours indiqué qu’il  ne pratiquait pas la religion. La Syrie, selon ses propres mots, il n’a rien à y "foutre". Quant aux frères Merah, ce sont des jeunes qui ont grandi avec lui dans le quartier. Abdelkader le désigne d’ailleurs comme un délinquant et n’en a jamais parlé à ce jour comme un "frère de religion".  

Au moment de son interpellation en 2013, Fettah Malki avait certes huit mentions à son casier, mais pour des faits de droits communs, presque exclusivement liés à sa relation avec Christelle C. : violences conjugales, tentative de vol, port d’armes et menaces de crimes. 

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"Pas tous nés avec une cuillère"

Fettah Malki a aussi vendu de la drogue, bu de l’alcool, trafiqué des armes et des bijoux. "Pour se faire des sous", a dit son ex ce matin précisant qu’on n’était "pas tous nés avec une cuillère" (sic). 

Christelle C., à qui Fettah Malki avait confié des armes un temps, dont le Uzi et le pare-balles utilisés par Mohamed Merah le jour de la tuerie à Ozar Hatorah, l'a réaffirmé ce lundi matin. Fettah Malki n'a jamais était "un tueur" ou un "terroriste".  Ce "petit délinquant" n'a "rien à voir avec [Abdelkader et Mohamed Merah]" affirme cette femme. 

Me Maktouf, avocat de la famille Ibn-Ziaten, lui a rappelé ce lundi que les armes fournies par Fettah Malki avait servi à tuer, tuer un homme et trois enfants, le 19 mars 2012. Lors de son interrogatoire en 2013, Christelle C. avait indiqué qu'elle avait "peur" de Fettah Malki", qu'il était "colérique" et qu'il lui avait fait subir des violences". 


Aurélie SARROT

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