FLOU - Une campagne de pub qui pouvait laisser entendre que les bananes de Martinique et de Guadeloupe sont bio a été interdite. La filière insiste pourtant sur la qualité de ses produits et réclame un meilleur contrôle des fruits bio importés d'Amérique.
"La banane française mieux que bio c'est possible" : vous n'êtes pas près de revoir cette publicité largement relayée ces dernières semaines dans la presse écrite, en ligne et à la radio. La diffusion de cette campagne de pub pour le compte de l’Union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et de Martinique (UGPban) est en effet désormais interdite, car elle brouille les pistes pour le consommateur. La filière, qui cherche à s'approcher du bio, dénonce de son côté la concurrence déloyale des producteurs d'Amérique latine. Explications.
Une campagne vécue comme une provocation
Ces spots de pub étaient censés vanter les mérites des bananes des Antilles françaises. Sauf que la mention "mieux que bio" n'a pas du tout plu au syndicat de l'agroalimentaire bio (Synabio). Celui-ci a estimé qu'il s'agissait "d'un détournement d'usage d’un signe officiel de qualité et d’une communication opportuniste visant à profiter de l’engouement des consommateurs pour [le] bio". Si bien qu'il a saisi le Tribunal de grande instance de Paris et obtenu gain de cause : la filière de la banane antillaise a été condamnée à retirer sa campagne.
Une volonté, au contraire, de s'approcher du bio
Certes, sauf exception, la culture des bananes en Guadeloupe et en Martinique n'est pas estampillée bio mais les producteurs ont fait des efforts considérables pour s'en rapprocher, en réduisant notamment de 61% ces dix dernières années l'usage des pesticides, selon l'UGPban. Ceux-ci "ne se battent pas contre le bio, bien au contraire", assure le groupement dans un communiqué de presse. Difficile cependant d'obtenir le label bio quand la réglementation européenne impose un cahier des charges adapté aux cultures continentales et européennes, loin du climat des Antilles et des parasites tropicaux, qui nécessitent l'usage de produits phytosanitaires.
La dénonciation du flou sur le bio importé
Les 600 producteurs français réunis au sein de l'UGPban se disent d'ailleurs victimes à leur tour de la "concurrence déloyale" des "fausses" bananes bio issues de pays extérieurs à l'Union européenne. Selon eux, le jeu des équivalences leurs permet d'obtenir le label européen alors qu'elles sont cultivées avec des produits phytosanitaires diffusés par avion et interdits en Europe. Mais dès l'instant où ces fruits venus du Costa-Rica, de République dominicaine, de Colombie ou du Pérou, par exemple, répondent au cahier des charges bio dans leurs pays, ils peuvent facilement obtenir cette reconnaissance aussi en Europe, regrettent les intéressés.