A Val d’Isère, Sylvain Tesson invite à partir à l’aventure par l'image

par Jennifer LESIEUR
Publié le 19 avril 2016 à 9h47
A Val d’Isère, Sylvain Tesson invite à partir à l’aventure par l'image

FESTIVAL – L’écrivain-voyageur Sylvain Tesson a inauguré le 20e festival international du film Aventure et Découverte, lundi 18 avril à Val d’Isère. Une édition qui a commencé par la projection de trois documentaires, dont l’un, "Eqalusuaq", proposait une définition complète de ce que peut être l’aventure aujourd’hui.

"L’aventure est une piraterie", écrit Sylvain Tesson, "un raid corsaire sur les mornes plaines de l’existence." En fait de morne plaine, nous sommes au cœur des montagnes enneigées de Val d’Isère, à 1 850 m d’altitude. L’auteur de Bérézina est le maître de cérémonie du Festival du film Aventure et Découverte depuis 2005, et en ce 20e anniversaire, il y a de quoi partir à l’abordage par tous les éléments, terre, air, mer et ciel.

Sylvain Tesson s’est amusé à comparer aventuriers et découvreurs, à souligner l’importance de marier les deux : "Depuis 20 ans, on parle de mutation numérique, or les aventuriers font une expérience du monde et du réel, il n’y a pas d’écran entre eux et le monde", rappelle-t-il. Quand on parle de réalité augmentée, notre barde moderne rétorque qu’un aventurier "ne veut pas du tout augmenter la réalité, mais au contraire la connaître, la protéger, la célébrer et la chanter. Et tous ceux que nous allons rencontrer cette semaine vont nous parler de cette réalité-là."

Eqalusuaq, ou les merveilles naturelles d'Alaska

L’un des trois films projetés en ce premier jour de festival réunissait justement plusieurs facettes de l’explorateur du XXIe siècle : Eqalusuaq, de Kevin Peyrusse et Hugo Braconnier. On y suit deux biologistes spécialistes des mammifères marins, Paul Tixier et Thomas Vignaud, partis filmer le requin saumon (eqalusuaq, en inuit) dans les fjords d’Alaska. "L’idée, c’était de faire quelque chose de différent de notre travail scientifique quotidien, explique Paul Tixier, où il faut ramener des données, des résultats, Là, on était dans une démarche simple, non intrusive vis-à-vis des grands prédateurs, pour provoquer une rencontre."

Pendant des semaines, Paul et Thomas ont plongé dans l’eau trouble et glacée, croisant baleines à bosse, lions de mer et orques… mais de requin saumon, point. Pour ne pas rentrer bredouilles, les deux scientifiques-photographes sont partis côté forêt à la rencontre des ours, caribous et aigles, en se fondant littéralement dans la nature, ce qui leur a permis de ramener des photos stupéfiantes.

Pour augmenter leurs chances d’approcher les prédateurs sous-marins craintifs, ils ont plongé en apnée. "Les mouvements sont très amples et calmes en apnée", poursuit Paul Tixier, "ça attirait les animaux, comme les lions de mer qui sont énormes - certains mâles peuvent atteindre 5 mètres -, et qui s’approchaient jusqu’à nous toucher…" La beauté des images fait oublier le but du périple. "Après plusieurs semaines et maintes tentatives, on a fini par voir les requins saumons", sourit Paul. Mais cette espèce rare dont dépend tout un écosystème ne fera pas oublier son face-à-face avec une ourse : ceux qui ont vu The Revenant au cinéma se sont crispés sur leur fauteuil pendant la projection.


Jennifer LESIEUR

Tout
TF1 Info