Anneli Furmark : "En Suède, on a dû faire des efforts pour rendre la BD plus égalitaire"

par Jennifer LESIEUR
Publié le 26 janvier 2016 à 14h06

PORTRAIT – A l'occasion du 43e Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, qui se déroule du 28 au 31 janvier, Metronews vous propose de découvrir des auteurs femmes, pour montrer que la BD n'est pas aussi sexiste qu'on le dit. Aujourd'hui : la Suédoise Anneli Furmark, en compétition pour le Fauve d'Or avec "Hiver rouge" (Ça et Là).

Hiver rouge se déroule dans une petite ville de Suède, plongée dans la neige et l'obscurité. Les joues rouges sous le bonnet, un couple adultère se retrouve en cachette. Siv est mariée et mère de famille ; Ulrik a 15 ans de moins qu'elle. Nous sommes dans les années 70 et quelque chose de plus grave que la famille et les conventions les sépare : l'engagement politique. Ulrik est communiste tendance révolutionnaire, Siv social-démocrate, et la lutte ne tolère pas ce genre de liaison...

En contrepoint, les enfants de Siv vivent leur vie d'ado, en quelques vignettes qui racontent leur propre histoire. "Je dirais que les principaux thèmes de mon travail sont les relations entre les gens", dit Anneli Furmark, 53 ans, "et comment la nature, l'environnement ou le paysage influe sur leur vie. J'adore dessiner les adolescents mais je ne peux pas vraiment dire que les comprends. J'ai des souvenirs forts de ma propre adolescente que je continue d'utiliser encore et encore."

Pas de femmes nommées au Grand Prix ? "C'est une honte"

Hiver rouge, en lice pour le Fauve d'Or à Angoulême, est une belle introduction à l'art d'Anneli Furmark. L'auteur, qui vit dans le nord de la Suède, est également peintre et enseignante : on peut voir ses magnifiques dessins, gouaches et aquarelles sur son site, où abondent les paysages scandinaves.
Sa précédente BD traduite en français, Le Centre du monde, se déroulait en Islande. Avec le même souci du détail touchant, comme les cheveux soulevés par l'électricité statique quand on retire son pull.

Dans son pays où la parité n'est pas un vain mot, Anneli Furmark considère comme "une honte" qu'il n'y ait pas eu de femmes nommées pour le Grand Prix d'Angoulême. "Il n'y a aucune excuse. J'espère qu'ils auront compris ça pour l'an prochain." Quels auraient été ses choix, à la place du comité ? "Ma favorite aurait été Posy Simmonds, ou Marjane Satrapi, mais il y a tellement d'excellentes auteurs femmes de bande dessinée."

Dans son pays aussi ? "Les auteurs de BD suédoises dominent le monde ! (Rires.)" Anneli Furmark souligne que s'il y a tellement de bons auteurs aujourd'hui, "il y a également beaucoup plus de femmes qui lisent des bandes dessinées. La scène de la BD a énormément changé ici ces 10-15 dernières années, mais ce n'est pas venu tout seul, on a dû faire des efforts pour rendre le marché plus égalitaire. Tout le monde y gagne : de meilleures BD, plus de BD, plus de lecteurs, et plus de ventes pour les éditeurs." Que du bon sens.
 


Jennifer LESIEUR

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