James Dashner : "Je veux vous faire douter de ce qui est virtuel et de ce qui est réel"

par Jennifer LESIEUR
Publié le 24 mars 2016 à 15h05
James Dashner : "Je veux vous faire douter de ce qui est virtuel et de ce qui est réel"

SCIENCE-FICTION – Après le succès du "Labyrinthe", en librairies comme au cinéma, l'Américain James Dashner publie en France son nouveau roman, "Le Jeu du Maître" (PKJ). Dans cette nouvelle trilogie, il met en scène Michael, un adolescent qui passe tout son temps dans un jeu de réalité virtuelle. Escorté de deux amis "gamers", Michael va devoir démanteler un programme mortel, d'un niveau à l'autre, comme dans un jeu vidéo devenu incontrôlable. Rencontre avec l'auteur à l'occasion de sa première venue en France.

Battle Royale, Hunger Games, votre Labyrinthe… La dystopie, qui dépeint des sociétés inégalitaires où il faut lutter jusqu'à la mort pour survivre, a beaucoup de succès en librairie et au cinéma. Comment l'expliquez-vous ?
Les gens adorent imaginer le futur et lire de la science-fiction, et la littérature dystopique réunit les deux. C'est comme plonger dans un autre monde qu'on sait imaginaire, parce qu'il est différent, sombre et effrayant, mais qu'on peut considérer comme une réalité future. Avec les problèmes environnementaux, les conflits politiques, le terrorisme, qui sait où va le monde ? C'est assurément plus drôle de lire ce qui pourrait se passer que de le vivre en vrai… Et hélas, il existe déjà des endroits du monde qui sont des univers dystopiques.

Mais si on en a peur, pourquoi s'y plonger pour se divertir ?
Je sais, c'est paradoxal ! Les gens adorent les films d'horreur, moi inclus ; ma femme, elle, les déteste, elle ne comprend pas pourquoi j'aime me faire peur ! Quand j'ai écrit Le Labyrinthe, j'étais inspiré par le classique Sa majesté des Mouches, je ne pensais pas vraiment à la dystopie. Puis j'ai écrit Le Jeu du Maître cinq ans après. J'ai voulu écrire quelque chose de différent mais qui s'adresse au même public : dans ce roman, le monde est "normal", ça parle davantage de personnages obsédés par la technologie. Mais j'espère qu'en termes de plaisir et de suspense, les lecteurs qui ont aimé Le Labyrinthe aimeront le début de cette nouvelle trilogie.

A le lire, on a l'impression d'être dans à la fois dans un film et dans un jeu vidéo…
Le film Matrix aussi m'a beaucoup influencé. La première fois que je l'ai vu, j'ai pensé à des basculements de scénario qui sont restés ancrés dans ma mémoire. Le VirtNet (le jeu de réalité virtuelle qu'il décrit dans le roman, ndlr.) pourrait bien exister un jour : on a déjà créé l'Oculus Rift, ce casque de réalité virtuelle impressionnant, qui pourrait mener à ce que je décris dans le livre. Quant aux films, j'ai l'impression que mon cerveau fonctionne ainsi ; je visualise mon histoire comme un film dans ma tête, puis j'essaie de la retranscrire en mots. Ça me semble donc naturel de revoir ensuite mon histoire au cinéma ; il est d'ailleurs prévu d'adapter Le Jeu du Maître sur grand écran, le premier tome est en négociations.

Et les jeux vidéo ? Etes-vous un éternel "gamer" ?
Quand j'étais gamin, j'adorais ça. Mon père était programmateur informatique, j'ai donc grandi dans une maison avec plein d'ordinateurs, où on cherchait de nouveaux langages. Aujourd'hui, je préfère regarder mes enfants y jouer, les manuels d'instruction sont épais comme ça (rires) ! Quand j'étais plus jeune, j'ai connu Atari, puis les premières consoles Nintendo qui étaient le sommet du cool… Et même si les jeux sont considérablement plus évolués aujourd'hui, je trouve que le concept est resté le même, la façon dont on aime s'y immerger. Tout ça a fini par se retrouver dans mes histoires.

"Je visualise mon histoire comme un film dans ma tête, puis j'essaie de la retranscrire en mots."

Ça et le thème du rêve et de l'éveil qui se confondent…
Avez-vous vu Inception ? C'est un de mes films préférés. Cette idée qu'il puisse y avoir différentes couches de rêves, que l'on peut rêver, se réveiller et être encore dans un rêve… C'est un peu pareil avec la réalité virtuelle, qui devient comme le monde réel : comment savoir à coup sûr dans quel univers on se trouve ? Et si le virtuel est si parfait, pourquoi aurait-on envie de retourner dans le monde réel ? J'ai beaucoup cogité là-dessus dans mes livres. Mes deux trilogies ont le même but : vous faire douter de ce qui est virtuel et de ce qui est réel.

Vos lecteurs sont très réactifs sur les réseaux sociaux…
Mes fans les plus passionnés semblent venir d'Europe et d'Amérique du Sud. Ça m'épate toujours, ces tweets qui me disent "je t'aime", "OMG", "je te hais" quand je tue un personnage ou que j'en fais tomber un autre amoureux ! C'est formidable de pouvoir provoquer tant d'émotions à partir d'un livre… J'essaie parfois de répondre aux messages de mes lecteurs. Je suis sur Facebook et Instagram, mais Twitter a ma préférence parce que c'est le plus simple.

A qui aimeriez-vous twitter vous-même en tant que fan ?
Je suis un grand fan de Stephen King, et quand il a ouvert son compte Twitter il y a un peu plus d'un an, je lui ai twitté plusieurs fois dans l'espoir qu'il me réponde, mais il ne l'a jamais fait (rires) ! Je rêve de le rencontrer, j'aime autant ses livres que son histoire personnelle, sa lutte contre l'alcoolisme, son sens de l'humour... Sinon, j'aime aussi Dean Koontz, J.K. Rowling, et Jennifer MacMahon qui mérite d'être plus connue en Europe, elle écrit des histoires effrayantes assez proches de celles de King. D'ailleurs, maintenant que j'ai bouclé mes trilogies, j'aimerais écrire pour un public plus adulte, j'aimerais écrire des romans d'horreur !

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Jennifer LESIEUR

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