Rentrée littéraire d’hiver : le mystère Elena Ferrante (un peu) décrypté

par Jennifer LESIEUR
Publié le 4 janvier 2017 à 12h25
Rentrée littéraire d’hiver : le mystère Elena Ferrante (un peu) décrypté

EDITION – "Celle qui fuit et celle qui reste", le tome 3 de la saga "L’amie prodigieuse" d'Elena Ferrante, vient de sortir chez Gallimard. C’est l’un des phénomènes de la rentrée littéraire de janvier : le succès considérable de ces romans s'est désormais presque affranchi du mystère autour de l’anonymat de son auteur. Explications.

Qui c’est, au juste, cette Elena Ferrante ?

Certains aimeraient bien le savoir ! Ce pseudonyme cache un auteur dont on ne peut certifier que peu de chose : c’est une mère de famille napolitaine, plutôt féministe, qui s’est inspirée d’éléments autobiographiques pour nourrir son œuvre depuis son premier roman, L’amour harcelant, paru en 1991. En 2015, elle expliquait – par mail – à Vanity Fair : "J'ai décidé une bonne fois pour toutes, il y a vingt ans, de me libérer de l'anxiété de la notoriété. Évidemment, pour ceux qui aiment la littérature, les livres suffisent." Récemment, un journaliste italien prétendait avoir découvert son identité : Elena Ferrante serait une traductrice vivant à Rome, appelée Anita Raja, sans réelle preuve. Mais est-ce vraiment important ? Vincent Raynaud, son éditeur chez Gallimard,  n'a lui non plus jamais rencontré l'auteur : il lui écrit via son éditeur italien et s'en accommode parfaitement. "Je suis plus intéressé de savoir ce qu'elle va écrire par la suite que de découvrir son identité", dit-il. 

De quoi ça parle, "L’amie prodigieuse" ?

Il s’agit d’une tétralogie dans laquelle Elena Ferrante raconte cinquante ans d’histoire italienne à travers l’amitié de ses deux héroïnes, Elena et Lila. Les trois tomes déjà traduits en français s’intitulent L’amie prodigieuse, Le nouveau nom, Celle qui fuit et celle qui reste. Dans ce dernier, qui vient de paraître chez Gallimard,  nous sommes à la fin des années soixante, à l’orée d’une période de grands bouleversements. Les événements de 1968 s’annoncent, les mouvements féministes et protestataires s’organisent, et Elena, diplômée de l’École normale de Pise et entourée d’universitaires, est au premier rang. Même si les choix de Lila sont radicalement différents, les deux jeunes femmes sont toujours aussi proches, une relation faite d’amour et de haine, comme deux sœurs qui se ressembleraient trop. Et, une nouvelle fois, les circonstances vont les rapprocher, puis les éloigner, au cours d’une tumultueuse traversée des années soixante-dix. 

Est-ce l’événement littéraire de la rentrée ?

A la dimension historique et intime des deux premiers volets s’ajoute ce volet plus politique, puisque les dix ans que couvre ce roman sont cruciales pour l’Italie, un pays en pleine transformation, en marche vers la modernité. De quoi ancrer un peu plus L’amie prodigieuse parmi les cycles romanesques qui auront marqué leur époque, tout en évoquant le passé. Avec déjà 2,5 millions d’exemplaires vendus et une quarantaine de traductions, le cinéma ne pouvait pas passer à côté : le réalisateur Mario Martone portera le cycle à l’écran, peut-être avant la parution en France du quatrième et dernier volume, L’Enfant perdu


Jennifer LESIEUR

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