EN LIBRAIRIE – Depuis le 18 août, le plus gros de la rentrée littéraire a pris place dans les rayons des libraires. Notre sacro-sainte spécificité culturelle française nous propose 560 romans cette année, contre 589 en 2015. Parmi ces montagnes de livres, quelques noms se détachent déjà. Et ce ne sont pas forcément les plus connus. Voici notre sélection.
Publier moins, mais publier mieux : cela pourrait être le mot d’ordre des éditeurs cette année. Certes, l’afflux de nouveaux romans est toujours aussi stupéfiant lorsqu’on ne peut pas se retirer sur une île déserte pour en lire ne serait-ce que le dixième. 560 romans, dont 197 étrangers, ça s’écrème très vite. C’est cruel, mais c’est ainsi : voici nos choix hautement subjectifs pour ne pas regretter vos achats.
La bonne surprise des premiers romans
Moment sacré pour l’auteur, grand espoir de l’éditeur, le premier roman mérite toutes les attentions : il échappe au "comme-le-premier-a-marché-il-faut-que-tu-en-pondes-un-deuxième-dare-dare". Parmi les 66 jeunes premiers qui ont réussi leur rentrée, citons Les cosmonautes ne font que passer (Verticales) d’Elitza Gueorguieva, ou la vie quotidienne sous la Bulgarie communiste vue par une petite fille qui veut devenir Iouri Gagarine.
Dans Désorientale (Liana Levi), Négar Djavadi raconte l’histoire de sa famille dans l’Iran des années 60 et 70, qui lui revient par digressions alors qu’elle attend dans une clinique de procréation médicalement assistée située à Paris, où elle vit désormais.
Autre évasion avec Monsieur Origami (Gallimard) de Jean-Marc Ceci, où un Japonais isolé en Toscane fabrique du papier, médite devant une feuille dépliée et évoque le sens de la vie avec un jeune horloger. Un récit dépouillé et poétique à l’extrême, le plus difficile à écrire, le plus limpide à lire.
La déception de quelques noms très attendus
S’il n’y a pas vraiment de grosse locomotive cette année, Amélie Nothomb mise à part, quelques auteurs bien connus du grand public ont aussi placé leur petit dernier. Hélas, le plaisir donné par leurs précédents livres n’est pas reproductible à l’infini. Si Tonino Benacquista a écrit des long-sellers (Saga, Quelqu’un d’autre) impossibles à lâcher ; son Romanesque (Gallimard) est impossible à reprendre. L’histoire croisée de ce couple médiéval avec un autre couple de Français en cavale aux Etats-Unis ne tient que par l’écriture magnifique du bonhomme.
Céline Minard écrit des romans plus pointus, mais tout aussi captivants… sauf Le grand jeu (Rivages), si prometteur quand on lit la 4e de couverture, aussi confus que bavard quand on s’y plonge : cette femme qui part vivre dans un refuge de montagne high-tech aurait pu vivre des aventures plus crédibles que cette rencontre avec une ermite chinoise aux pouvoirs surnaturels. Comme quoi, avoir de la bouteille ne garantit pas de faire mieux à chaque fois.