Ne souhaitant "pas affronter un tribunal d'opinion autoproclamé", Roman Polanski renonce aux César

Publié le 27 février 2020 à 12h05, mis à jour le 27 février 2020 à 14h02

Source : La Matinale LCI

CINEMA – Sous le feu des critiques depuis l'annonce des 12 nominations de son dernier film, "J'accuse", le réalisateur franco-polonais Roman Polanski annonce qu’il n’assistera finalement pas à la 45e cérémonie des César, ce vendredi.

Il renonce. Roman Polanski annonce ce jeudi auprès de l’AFP qu’il n’assistera pas à la 45e cérémonie des César, qui se tiendra vendredi à la salle Pleyel à Paris. Le réalisateur franco-polonais de 86 ans est en lice dans 12 catégories pour son dernier film, "J’accuse", dont celle du meilleur réalisateur et de la meilleure adaptation à titre personnel.

"Depuis plusieurs jours, on me pose cette question : viendrai-je ou ne viendrai-je pas à la cérémonie des César. La question que je pose est plutôt la suivante : comment le pourrais-je ?", s’interroge-t-il dans un texte qui a été transmis dans son intégralité à LCI. 

"Le déroulé de cette soirée, on le connaît à l’avance. Des activistes me menacent déjà d’un lynchage public. Certains annoncent des démonstrations devant la salle Pleyel. D’autres comptent en faire une tribune de combat contre une gouvernance décriée", ajoute-t-il.

Je dois aussi protéger ma famille, ma femme et mes enfants, à qui on a fait subir injures et affronts, appliquant une responsabilité collective d’un autre âge
Roman Polanski

"Quelle place pourrait-il y avoir, dans ces conditions déplorables pour un film dont le sujet est la défense de la vérité, le combat contre l’injustice, la haine aveugle et l’antisémitisme ?", ajoute-t-il, précisant vouloir "protéger mon équipe, deux cent talents remarquables, comédiens, techniciens, production", les remerciant au passage.

"Je dois aussi protéger ma famille, ma femme et mes enfants, à qui on a fait subir injures et affronts, appliquant une responsabilité collective d’un autre âge", continue Roman Polanski. "Les activistes agitent le chiffre de 12 femmes que j’aurais agressées il y a un demi-siècle, ces fantasmes d’esprits malsains sont désormais traités comme des faits avérés. Un mensonge répété 1000 fois devient une vérité." 

"C'est donc avec regret que je prends cette décision, celle de ne pas affronter un tribunal d'opinion autoproclamé prêt à fouler au pied les principes de l'Etat de droit pour que l'irrationnel triomphe à nouveau sans partage", conclut-il.

Une décision mûrement réfléchie

Cette déclaration témoigne de l’amertume du cinéaste qui a longuement réfléchi à l’éventualité d’assister à la soirée. "Il n’a pas encore pris sa décision définitive", indiquait mercredi matin à LCI sa communicante, Anne Hommel. Dans son entourage, plusieurs personnes nous avaient affirmé son souhait d’accompagner l’équipe du long-métrage consacré à l’affaire Dreyfus.  

La pression a-t-elle été trop forte ? Ces dernières heures, des associations féministes avaient collé des affiches à l’encontre du cinéaste autour de la salle Pleyel, après avoir appelé à manifester ce vendredi et même réclamé l’annulation de la cérémonie. 

Dès l’annonce des 12 nominations de "J’accuse", le 29 janvier dernier, de nombreuses voix s’étaient élevées contre la présence du cinéaste, accusé de viol par plusieurs femmes, jusque dans la classe politique. "Je serai indignée de voir une salle applaudir une personne accusée de viol", avait déclaré sur LCI la secrétaire d’Etat aux droits des femmes Marlène Schiappa.

La 45e cérémonie des César sera la première depuis la démission collective mi-février de sa direction, mise à mal par les critiques à l'encontre de la gestion de son président, Alain Terzian. Mercredi, le CNC a confié à la productrice Margaret Menegoz la présidence par intérim de l'Académie, en vue d'une réforme de son organisation.


Jérôme VERMELIN

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