Pourquoi il faut écouter le nouvel album des Deftones

Publié le 19 novembre 2012 à 13h28
Pourquoi il faut écouter le nouvel album des Deftones

Le groupe californien surprend encore avec Koi No Yokan, peut-être le meilleur opus de sa carrière.

Il était une fois le néo-métal. Au début des années 1990, une poignée de groupes américains renouvelait un genre moribond, victime de ses clichés, en lui injectant groove hip-hop et mélodies new wave. Les plus populaires ont connu des fortunes diverses. Korn s'est récemment essayé au dubstep, Linkin Park fait de l'oeil au rock FM, Limp Bizkit est plombé par d'interminables querelles internes...

Et puis il y a les Deftones. Pas les plus sexy au départ, avec leur chaussettes blanches remontées jusqu'aux mollets, et une fâcheuse tendance à l'embonpoint. Sauf que le chanteur Chino Moreno et ses partenaires ont creusé leur sillon, sans faire de bruit, un peu quand même, sortant régulièrement de nouveaux albums, chaque fois meilleurs. Il y a deux ans, Diamond Eyes surprenait par son équilibre racé entre rage et finesse, entre guitares abrasives et refrains à filer la chaire de poule.

Chino Moreno, au sommet de son art

Koi No Yokan – coup de foudre en japonais – prolonge le plaisir et confirme le talent d'une formation désormais seule dans son monde. Les fans connaissent le lyrisme torturé de Chino Moreno, son cri primal et ses envolées "émo" de toute beauté. A bientôt 40 ans, le "Chi" n'a jamais aussi bien chanté, qu'il sonne la révolte sur l'inaugural "Swerve City" ou qu'il nous caresse l'oreille sur le mélancolique "Entombed". Il constitue le trait d'union d'une pyramide sonore sombre et menaçante, s'ouvrant et se refermant sur des trésors d'émotions au détour d'un riff diabolique du guitariste Stephen Carpenter.

Si Diamond Eyes séduisait par son côté franc et direct, Koi No Yokan porte les Deftones à un niveau supérieur grâce à une poignée de mélopées ambitieuses ("Tempest", "Rosemary"), dépassant allégrement la durée autorisée sur ce genre de production. A l'arrivée, le combo de Sacramento signe l'un des meilleurs albums de sa carrière, rendant ainsi un bel hommage au bassiste Chi Cheng, hospitalisé depuis un grave accident de voiture, en 2008. Car derrière leurs (faux) airs de gros durs, les Deftones ont un coeur qui bât, comme tout le monde. Le volume poussé au maximum de préférence.

Deftones – Koi No Yokan (Warner)


Jérôme VERMELIN

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