CONFESSIONS - Pour la sortie de son 26ème roman, "Frappe-toi le cœur", la romancière belge Amélie Nothomb s’est longuement confiée dans les colonnes du Monde. L’auteure est revenue sur un "événement-clé" qui a bouleversé son adolescence : son agression sexuelle, à l'âge de 12 ans, par 4 hommes, sur une plage.
"Une baignade en mer, au Bangladesh, où vivait ma famille". Ce jour-là, tout a basculé pour Amélie Nothomb. "Mon système s’est lézardé, le récit s’est arrêté tout net". Pour la première fois, la romancière revient sur cet événement-clé qu’elle "raconte brièvement dans Biographie de la Faim", publié en 2004.
À 12 ans, la romancière a été agressée sexuellement par quatre hommes. "Je ne veux pas m’appesantir sur cet événement qu’il m’a fallu dépasser (…) D’un coup, j’ai découvert la puberté, la violence, la haine de soi, la haine tout court, la fatigue et le froid. Autant de sensations qui m’étaient alors parfaitement inconnues", raconte-t-elle. "Après ce drame, les insomnies sont devenues problématiques et les voix qui me parlaient dans ma tête nettement moins agréables. J’ai soudain eu le sentiment de vivre avec un ennemi intérieur. Une sorte de monstre générateur d’angoisse. Ma vie a totalement basculé".
Lire aussi
"Ce n'est pas ton p***** de corps !" : un chanteur de métal arrête son concert pour dénoncer une agression sexuelle dans la fosse
Lire aussi
Roman Polanski : une nouvelle accusation d'agression sexuelle sur mineure pour le réalisateur
Je serais quelqu’un de bien mieux si je n’avais pas été anorexique
Amélie Nothomb dans son interview accordée au "Monde"
Une vie brisée, un traumatisme qui a entraîné de lourdes conséquences : "Des troubles alimentaires multiples qui ont duré des années". Le début d’un cauchemar. "On ne sort pas comme ça de l’anorexie pure et dure (…) On est mis au ban de la société parce qu’on n’est plus capable de manger avec les autres. Ça ne va pas, et tout le monde voit que ça ne va pas", confie-t-elle. "Alors même si elle a compté dans ma vie (l’anorexie) et certainement contribué à faire l’écrivain que je suis, il est hors de question que je valorise l’anorexie (…) Je serais quelqu’un de bien mieux si je n’avais pas été anorexique".
À 51 ans, et avec le recul de toute une vie, de cette faiblesse, Amélie Nothomb en a fait une force : "La vie m’a appris que j’étais finalement plus solide que je ne le pensais. Mais il ne faut pas confondre épreuve et dégradation. L’anorexie était une épreuve, car il fallait se battre. Ce qui m’est arrivé à 12 ans était une dégradation. Et la dégradation demeure à tout jamais (...) Tous les matins, je dois me battre. Et tous les matins, tout est à recommencer. Car les forces obscures sont toujours en moi".