"Grève scolaire pour le climat" : l'initiative de la jeune Greta Thunberg trouve un écho mondial

par Claire CAMBIER
Publié le 18 janvier 2019 à 21h10, mis à jour le 23 juillet 2019 à 11h36
"Grève scolaire pour le climat" : l'initiative de la jeune Greta Thunberg trouve un écho mondial
Source : Fabrice COFFRINI / AFP

#FRIDAYSFORFUTURE - Des dizaines de milliers d'adolescents ont séché les cours ce vendredi, en Suisse et en Allemagne principalement, suivant une "grève de la jeunesse pour le climat" initiée par l'activiste suédoise Greta Thunberg, âgée de 16 ans. Des initiatives similaires ont émergé un peu partout dans le monde et jusqu'en France pour demander des comptes aux gouvernements en place et lutter plus efficacement contre le réchauffement climatique.

Ce vendredi matin, des milliers d'adolescents ont fait l'école buissonnière dans une cinquantaine de villes de Suisse et d'Allemagne. À Munich, Berlin, Zurich, Lausanne ou encore Hambourg, ces jeunes se sont retrouvés dans la rue pour manifester et réclamer de la part de leur gouvernement de plus fortes mesures contre le réchauffement climatique.

Karl, 15 ans, est à l'initiative de la manifestation berlinoise. Au lieu d'être devant le Bundestag, il aurait dû se trouver en cours de français. "Si on continue à subir les désastres naturels, alors apprendre les maths, le français ou l’anglais ne va pas nous aider", réplique le jeune écologiste, à nos confrères de la Deutsche Welle. "Donc la première chose à faire, c’est d’arrêter le réchauffement climatique et après on pourra retourner en cours."

Certains élèves savent qu'ils encourent des risques de sanctions, dont des expulsions temporaires pour leur absence - la réglementation y étant plus stricte que dans l'Education nationale française - mais peu importe, le jeu en vaut la chandelle. "L'océan s'élève, nous aussi!", résume une pancarte brandie par un manifestant de Lausanne. 

La première chose à faire c’est d’arrêter le réchauffement climatique et après on pourra retourner en cours
Karl, 15 ans - Berlin

La veille, ce sont les écoliers belges qui défilaient dans les rues, pour le deuxième jeudi consécutif, avec le même message. La police bruxelloise a comptabilisé 12.500 manifestants rien que dans la capitale. L'initiative avait été lancée ici par deux adolescentes : Anuna De Wever, 17 ans, et Kyra Gantois, 19 ans.

"Les scientifiques sont d’accord pour dire que nous creusons notre propre tombe si nous n’agissons pas contre le réchauffement climatique", s’alarme Anuna, lycéenne à Mortsel dans les colonnes de Daardaar. "Mais cela ne semble pas inciter nos responsables politiques à passer à l’acte." Pour mobiliser les troupes, les deux jeunes femmes ont créé une page Facebook, "Youth for Climate". Un pari gagnant, qu'elle compte bien réitérer tous les jeudis jusqu'à la satisfaction de leurs revendications.

Ces dernières semaines, les initiatives de ce type se sont multipliées partout dans le monde. Pour la seule journée du 30 novembre, nos confrères du Guardian évoquaient des grèves scolaires dans plus de 270 villes du monde dont l'Australie, la Grande-Bretagne ou encore le Japon.

En Ouganda, Vanessa, une jeune activiste, a décidé de suivre le mouvement chaque vendredi et tente de mobiliser les jeunes de son pays.

La Suédoise Greta Thunberg peut se réjouir. C'est elle qui, la première, a initié une grève de l'école, seule, en septembre dernier. Chaque vendredi, depuis lors, elle manifeste devant le parlement de son pays. Ce 18 janvier, pour la 22ème semaine consécutive, elle n'a pas dérogé à la règle. Et elle espère qu'elle sera de plus en plus imitée. Après les grèves scolaires uniques, celles hebdomadaires commencent d'ailleurs à trouver leur place et le hashtag #FridaysForFuture - les Vendredis pour le climat - à se répandre.

A seulement 16 ans, son combat est déjà reconnu mondialement. Invitée dans de nombreux événements écologistes, elle s'est fait remarquer en intervenant lors de la COP24 en Pologne en décembre dernier. "Vous dites que vous aimez vos enfants plus que tout, pourtant vous volez leur futur devant leurs yeux", avait-elle lancé face aux dirigeants du monde. "Notre civilisation est sacrifiée pour permettre à une petite poignée de gens de continuer à gagner d'énormes sommes d’argent. Notre biosphère est sacrifiée pour que des personnes riches dans des pays comme le mien puissent vivre dans le luxe." Time a intégré la jeune fille à son top 25 des adolescents les plus influents de l'année.

En France, si aucune grève scolaire massive n'a été observée, une jeune collégienne de Tarn-et-Garonne s'est lancée la semaine dernière. "Cette grève consiste à faire acte de présence en classe mais sans travailler, pour lutter contre l'inaction des adultes face au réchauffement climatique", a-t-elle expliqué dans une lettre remise à son professeur. 

Ysée Parmentier, 14 ans, espère que le mouvement prendra aussi en France, même si elle émet des doutes. "Je ne trouve pas ça normal que les gens ne se mobilisent pas. En 2018, il a fait chaud jusqu'à tard dans l'année. Je trouve ça effrayant que l'on n'agisse pas plus", a-t-elle expliqué à nos confrères de La Dépêche du Midi. "Tous ceux que j'avais prévenus au collège de mon acte m'ont dit que c'était génial. Mais je suis sûre qu'il y a beaucoup de mes copains qui n'ont pas conscience de tout ce qu'il se passe. Ça leur passe au-dessus", regrette-t-elle. L'avenir la contredira peut-être. Une grève scolaire mondiale est organisée le 15 mars prochain.


Claire CAMBIER

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