11-Novembre : faut-il réhabiliter les "fusillés pour l'exemple" de la Grande Guerre ?

Publié le 11 novembre 2015 à 9h30
11-Novembre : faut-il réhabiliter les "fusillés pour l'exemple" de la Grande Guerre ?

MÉMOIRE - Près de 650 soldats français ont été exécutés après des conseils de guerre expéditifs entre 1914 et 1918. Le député radical Roger-Gérard Schwartzenberg relance l'idée d'une réhabilitation pour ces "oubliés" de la Grande Guerre, à l'occasion des commémorations du 11-Novembre.

Un siècle après, ils restent les grands oubliés de la mémoire collective. Près de 650 soldats français ont été fusillés durant la guerre de 14-18 après avoir été condamnés à mort par des conseils de guerre souvent expéditifs pour "désobéissance", "outrages" ou "abandon de postes". A l'occasion des commémorations du 11-Novembre, de patron des députés radicaux, Roger-Gérard Schwartzenberg, a plaidé pour un "réexamen de l'ensemble des dossiers des fusillés pour l'exemple, dont la très grande majorité sont innocents des faits qui leurs ont été reprochés".

"La face cachée de la Grande Guerre"

Une demande qui fait suite au souhait de l'ex-Premier ministre Lionel Jospin, à Craonne en novembre 1998, de "réintégrer" ces soldats dans la mémoire collective. Et à l'hommage rendu par Nicolas Sarkozy, en novembre 2008 à Douaumont. En 2012, Kader Arif, alors ministre délégué aux Anciens Combattants, avait réhabilité le sous-lieutenant Chapelant, fusillé à 23 ans sur son brancard. Il s'agissait de ce soldat immortalisé en 1957 par Les Sentiers de la Gloire, de Stanley Kubrick.

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Selon le décompte le plus récent du ministère de la Défense, réalisé fin 2014, 953 soldats ont été exécutés "pour l'exemple" durant la Grande Guerre, dont 639 pour désobéissance, 140 pour des faits "de droit commun", 127 pour "espionnage" et 47 autres pour des "motifs inconnus". "Il ne s'agit pas de les réhabiliter collectivement", précise Roger-Gérard Schwarzenberg à metronews. "Ce que je préconise, c'est un réexamen des dossiers, dont beaucoup présentaient des chefs d'inculpations flous, comme le refus d'obéissance ou l'outrage. C'est la face cachée de la Grande Guerre, on n'en parle pas, on le dissimule. Les conséquences sont concrètes : pour ces soldats exécutés alors qu'ils avaient souvent fait leur devoir, il n'y a pas de place sur les monuments aux morts." La proposition du député PRG ne passerait "pas forcément par une loi", mais plutôt par un travail au sein du ministère de la Défense. Une idée qui ne plait pas à tout le monde.

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"Il faut arrêter d'être dans la repentance permanente"

"C'est un marronnier du 11-Novembre", juge le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, également sollicité par metronews. "Il faut arrêter d'être dans la repentance permanente. Alors, s'ils ont été victimes d'une injustice manifeste, pourquoi pas. Mais à condition que l'on parle aussi des héros." Réaction similaire chez le député Les Républicains des Alpes-Maritimes Eric Ciotti : "C'est plutôt un travail d'historiens, pas un sujet politique. Je ne suis pas très adepte des lois mémorielles."

François Hollande a pourtant pris des engagements vis-à-vis de ces exilés de la mémoire. Fin 2013, le chef de l'Etat a demandé au ministère de la Défense qu'une place leur soit accordée aux Invalides, à Paris. En outre, il a promis la numérisation des dossiers de ces fameux conseils de guerre qui leur furent funestes. Le début d'un très long travail de mémoire.


Vincent MICHELON

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