A quoi servent (encore) les vœux présidentiels ?

par Michel VERON
Publié le 30 décembre 2016 à 19h38, mis à jour le 31 décembre 2016 à 9h26

Source : Sujet TF1 Info

FRANCAISES, FRANCAIS – Chaque 31 décembre, le président de la République adresse ses vœux aux Français pour la nouvelle année. Mais ce rituel a-t-il encore un sens politique ?

Les vœux présidentiels de fin d’année sont un rite politique aussi vieux que la Ve République. C’est en effet le général de Gaulle qui les instaura afin de faire le bilan de l’année écoulée. A l’époque, les moyens de communication et le temps médiatique étaient si différents de ceux d’aujourd’hui qu’il lui était apparu judicieux de réaliser un exercice de pédagogie pour expliquer son action aux Français. 

Mais avec le temps, les vœux présidentiels ont peu à peu perdu leur utilité politique. Et ce n’est pas leur très faible contenu en annonces qui va corriger ce constat. Généralement, même si les formules varient, les présidents de la République expliquent surtout que l’année qui se termine a été difficile, notamment sur le plan économique. Et que celle qui s’annonce le sera tout autant. 

D'abord, dire que l'année a été difficile...

Seul le degré de gravité a changé au fil des années. Quand Georges Pompidou souligne en 1973 "une année (qui) se termine par une atmosphère moins sereine", Jacques Chirac dépeint 1996 comme "une année difficile pour beaucoup d'entre nous". 

Le fléau du chômage n'ayant toujours pas reculé, bien au contraire, François Hollande est allé jusqu'à évoquer l'an passé "un état d’urgence économique et social". 

Puis insister sur les atouts de la France et des Français...

Après l’exposé sur les difficultés, les présidents ont néanmoins toujours un mot sur les atouts de la France pour se ressaisir. Et dans ce domaine, la palme de l’optimisme revient à Valéry Giscard d’Estaing. Le 31 décembre 1974, il déclare : "La France, c’est ce qu’il y a de meilleur dans le monde, à cause de son paysage et à cause de son peuple". Cinq ans plus tard, il se dit confiant pour l’avenir, tout simplement parce que les Français sont "sérieux", "courageux" et qu’ils possèdent des "grandes capacités d’adaptation". 

L'Europe et l'écologie, des thèmes incontournables

Parallèlement, les vœux présidentiels sont bien souvent l’occasion pour les présidents de la République de plaider pour la construction européenne. Le 31 décembre 1964, le général de Gaulle se félicite que "la coopération amicale avec chacun de nos alliés" fasse "progresser l’union de l’Europe occidentale". Cet objectif sera l’apanage de tous ses successeurs. Lors de ses derniers vœux présidentiels le 31 décembre 1994, François Mitterrand demandera d'ailleurs au peuple français de "ne jamais séparer la grandeur de la France de la construction de l’Europe. C’est notre nouvelle dimension et notre ambition pour le siècle prochain".

Un autre sujet va faire progressivement son apparition lors de cet exercice traditionnel : celui de l’écologie. Le 31 décembre 2000, Jacques Chirac souhaite "que 2001 soit une année utile pour la planète car elle est le patrimoine commun que nous lèguerons à nos enfants". En 2009, Nicolas Sarkozy appelle "à relever le défi de la protection de notre environnement". 

Des thèmes que François Hollande a évoqués à son tour depuis 2012 et qu’il évoquera sans nul doute ce samedi soir. Comme François Mitterrand en 1994 et Jacques Chirac en 2006, il sait que ces vœux présidentiels seront ses derniers. Peut-être en profitera-t-il pour (enfin) se livrer, lui à qui l’on reproche de ne pas avoir su tisser de liens particuliers avec les Français. Alors peut-être, pour une fois, ces vœux n’auront pas seulement servi à souhaiter une bonne année. 


Michel VERON

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