Abolir le mariage pour tous : la volte-face de Sarkozy en trois actes

Publié le 22 janvier 2016 à 16h23
Abolir le mariage pour tous : la volte-face de Sarkozy en trois actes

J'AI CHANGÉ (D'AVIS) - Partisan de longue date d'un contrat d'union civile pour les homosexuels, Nicolas Sarkozy a eu beaucoup de mal à se déterminer sur le mariage pour tous instauré par la gauche en mai 2013. Avec son livre à paraître, il semble avoir enfin tranché, quitte à attiser la colère des anti-mariage gay.

Deux ans et demi après l'instauration du "mariage pour tous" par la gauche, Nicolas Sarkozy a enfin trouvé sa voie. Dans son livre à paraître lundi, La France pour la vie, l'ex-Président assume sa décision de ne pas revenir sur la loi Taubira. Il s'explique.

"Je crains que, compte tenu de l'état de tension et de division de la société française auquel a abouti la méthode de François Hollande, le remède soit pire que le mal. Je ne souhaite donc pas qu'on légifère à nouveau, parce que la priorité doit être de rassembler les Français. C'est un point sur lequel, je l'assume, j'ai évolué."

"Parjure"

A vrai dire, ce n'est pas une "évolution", mais une volte-face. Un "déplorable virage à 180 degrés", s'est étranglée vendredi l'association Sens commun, proche de la droite et à la pointe du lobbying pour l'abrogation de la loi Taubira et du mariage homosexuel. Un "parjure", accuse même le député LR Hervé Mariton, concurrent de Nicolas Sarkozy pour 2017.

A vrai dire, Nicolas Sarkozy n'avait rien juré. Il a même changé plusieurs fois de position depuis l'adoption de la loi sur le mariage pour tous. Voici donc un résumé en trois actes de son cheminement.

Il ne veut pas abroger la loi Taubira
"Le mariage pour tous, je m'en fous. Ce n'est pas un sujet. Moi, de toute façon, j'avais toujours défendu une union civile." Les propos sont rapportés en septembre 2014 par  L'Obs , qui cite un proche qui avait rendu visite à Nicolas Sarkozy au Cap Nègre. La phrase fait mouche chez les anti-mariage gay qui n'ont jamais digéré la loi Taubira et font de son abrogation, à l'image du mouvement Sens commun, une condition pour soutenir le prochain candidat de la droite à la présidentielle.

Nicolas Sarkozy reste ambigu : il ne cesse de dénoncer les "atteintes" à la famille par François Hollande. L'ex-Président assure alors malgré tout, sur France 2 , qu'il n'utilisera "pas les familles contre les homosexuels, comme on a utilisé les homosexuels contre les familles".

Il veut abroger la loi Taubira
Le 15 novembre 2014, patatras. Invité à un meeting à l'initiative de Sens commun, Nicolas Sarkozy cède brutalement aux militants regroupés dans la salle. A deux semaines de son élection à la présidence de l'UMP, il lance : "La loi Taubira devra être réécrite de fond en comble". Et précise : "On doit l’abroger pour en faire une autre." Ovation dans la salle.

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Dans son livre à paraître lundi, Nicolas Sarkozy raconte, à propos de ce meeting : "Mon propos n'a pas été compris, sans doute parce qu'il était ambigu". Pourtant, "On doit l'abroger pour en faire une autre" est tout sauf une phrase ambiguë.

Il ne veut plus abroger la loi Taubira
Dans son livre, Nicolas Sarkozy tranche enfin : il ne touchera plus à la loi Taubira, afin de ne pas diviser davantage les Français. La position a le mérite d'être enfin claire. Le mouvement Sens commun, lui aussi, est assez clair : l'association "ne soutiendra pas la candidature de personnalités politiques qui ne tiennent pas leurs engagements jusqu’au bout".

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Vincent MICHELON

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