Affaire Baupin - Delphine Batho n'oublie pas Michel Sapin

Anaïs Condomines
Publié le 10 mai 2016 à 18h42
Affaire Baupin - Delphine Batho n'oublie pas Michel Sapin

INTERVIEW - Ancienne ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, actuelle députée des Deux-Sèvres (PS), Delphine Batho a décidé de prendre position sur les récentes accusations d’agression sexuelle imputées à Denis Baupin. Et d’enjoindre les autres hommes politiques concernés à prendre leurs responsabilités. Dans son viseur, tout particulièrement : le ministre Michel Sapin, qui aurait eu un geste déplacé envers une journaliste politique.

On l’aurait presque oublié. Au cœur de la tempête politique et médiatique que traverse le député écolo Denis Baupin, voilà que refait surface le nom d’un autre dirigeant politique, celui de Michel Sapin. Car selon Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres et ex-ministre de l’Ecologie, l’affaire Baupin et les accusations de harcèlement et d’agression sexuelle portées par plusieurs élues et collaboratrices, "ne sont que la partie émergée de l’iceberg". Et de citer, ce mardi 10 mai devant l'Assemblée nationale, "un ministre qui doit s’expliquer, présenter des excuses pour le moins." 

Auprès de metronews en fin d’après-midi, Delphine Batho va plus loin encore. A propos de Michel Sapin, actuel ministre des Finances et des Comptes Publics, accusé fin avril dans un livre d'avoir "claqué l'élastique de la culotte" d'une journaliste politique, mais dont metronews a ensuite établi qu'il lui avait en réalité "touché le bas du dos", elle affirme : "Il est dans le déni. Dans cette affaire, il y a une vérité qui n’est pas respectée. Quand on commet une faute, il faut la reconnaître, car vis-à-vis des citoyens, un responsable politique a un devoir d’exemplarité. Et si on veut faire le ménage, il faut aller jusqu’au bout et répéter que dans ce système de maltraitance, aucun geste n’est anodin".

"Je veux que tous les noms soient donnés"

De son côté, Michel Sapin dément fermement, depuis la parution du livre en question, tout geste déplacé. "On est dans un domaine total de calomnie", déclare-t-il ce mardi, demandant à ne pas "faire la confusion entre des noms qui n'ont rien à voir". "Il s'agit d'allégations qui sont totalement fausses, qui sont d'ailleurs déclarées comme telles par des personnes qui pouvaient être directement ou indirectement concernées", poursuit-il. Toutefois, il indique avoir décidé de ne pas porter plainte en diffamation, pour s'appliquer "le même principe" que François Hollande.

EN SAVOIR + 
>>  Que s'est-il vraiment passé entre Michel Sapin et la journaliste politique ? 
>>  Michel Sapin dément formellement avoir "fait claquer l'élastique de la culotte" d'une journaliste

Des propos qui restent symptomatiques de l’atmosphère qui règne dans les couloirs de l’Assemblée, autant que dans l’hémicycle. "Rien qu’aujourd’hui", poursuit l’ancienne ministre, "j’ai demandé à ce que soit abordé le thème du harcèlement sexuel lors des questions au gouvernement. Ce n’était pas prévu et cela a suscité un brouhaha, comme si je demandais quelque chose de pas politiquement correct. Et c’était le cas ! Je veux dénoncer ces pratiques et je comprends bien que ça dérange. Maintenant, je souhaite que tous les noms soient donnés."

Mais alors, quelles mesures concrètes peuvent endiguer cette violence envers les femmes qui sévit notamment dans le monde politique ? "D’abord, il faut une féminisation du pouvoir", nous répond Delphine Batho. "Malgré une majorité sociologique en France, les femmes restent une minorité dans la sphère politique. Et cela induit ce genre de comportements".

"Une 'fille coincée', si on ne réagit pas"

"Ensuite, je pose une question", poursuit-elle. "Est-il normal que lorsqu’un député est mis en cause pour indélicatesse fiscale, on demande son immédiate démission et que ce ne soit pas le cas dans une affaire d’agression sexuelle ? Etre en indélicatesse fiscale, est-ce plus grave que d’agresser quelqu’un ? Dans de nombreuses autres démocraties, l’intéressé aurait déjà démissionné."

Et elle l’assure, aujourd’hui, elle ne parle pas "en tant que victime, mais en tant que femme politique". Mais glisse tout-de-même : "J’ai été élue députée à 34 ans. Je peux vous dire que lorsqu’on arrive à l’Assemblée à cet âge-là, on se prend un certain nombre de remarques… avant de se faire taxer de 'fille coincée' si l’on choisit de ne pas y répondre."


Anaïs Condomines

Tout
TF1 Info