L’ARROSEUR ARROSÉ – Le député de Loire-Atlantique a publié sur son compte Twitter les fiches de paie de ses deux assistants. Une volonté de transparence qui s’est vite retournée contre lui, quand les internautes ont découvert le salaire bien inférieur de son employée face à son collègue masculin.
C’est ce qui s’appelle un échec. François de Rugy pensait tacler gentiment François Fillon en publiant les fiches de paie de ses assistants parlementaires. "Ce soir avant de quitter le bureau, je signe les fiches de paie de deux de mes collaborateurs parlementaires. #PenelopeGate", commente-t-il. Ici pas de salaires mirobolants, ni d'emploi de membre de sa famille, mais le vice-président de l’Assemblée nationale commet quelques erreurs de communication.
S’il masque bien les noms de ses assistants, avec un stylo, il laisse visible leur numéro de sécurité sociale (n° INSEE sur la fiche de paie). Un manque de respect de la vie privée certain... Face aux critiques, le député a republié la photo en cachant ces numéros, avant de le supprimer totalement.
Je connais deux collaborateurs parlementaires qui vont être ravis de découvrir la publication de leurs numéros de sécu sur Twitter. #DeRugy — Bertrand Hadet (@bertrandhadet) 30 janvier 2017
Or ce numéro INSEE permet de déterminer le sexe de la personne. Les internautes remarquent alors vite les différences de salaires entre la collaboratrice et son homologue masculin. La femme gagne 2289 euros contre 2434 euros pour l’homme. Sur la toile, les twittos s’emballent. Les hommes et femmes politiques, de EELV à l'extrême droite aussi. D’autant plus que l’assistante, plus âgée que son collègue, travaille plus : 20 heures de plus chaque mois.
@garnould @btabaka @martin1975 elle a visiblement 20 ans de + et elle a fait 20 h mensuelles de + aussi. Sans compter le pass navigo. Classe — Anaïs Chassé (@anachasse) 30 janvier 2017
Voilà pourquoi un grand plan national d'égalité salariale femme/homme est urgent ! https://t.co/p8Nxn5bvf1 — Florian Philippot (@f_philippot) 30 janvier 2017
Le député reconnaît "une maladresse" : "Expliquer en 140 signes, c'est impossible. J'ai fait une erreur, commis une grosse maladresse, et j'ai préféré supprimer mon tweet. Mon objectif était seulement de montrer que les députés normaux qui travaillent avec des collaborateurs, voilà à quoi ça ressemble. Ils ne gagnent pas des salaires mirobolants !"
Ce sont deux personnes qui n'ont pas la même expérience, le même parcours et qui ne font pas le même travail
François de Rugy
Comment explique-t-il alors la différence de salaire ? "Ce sont deux personnes qui n'ont pas la même expérience, le même parcours et qui ne font pas le même travail", raconte-il à nos confrères du Lab. "Il y a une personne qui fait un travail plutôt de secrétariat, qui s'occupe de la gestion de l'agenda, des déplacements, etc., quand l'autre fait un travail législatif, de rédaction de propositions de loi et d'amendements."
Et de renchérir dans Ouest France : "C'est une mauvaise polémique. Je vais publier prochainement un tableau exhaustif de mon crédit collaborateur et son utilisation. Tout le monde n'est pas payé pareil, en fonction de la nature du travail. (…) A travail égal, salaire égal. La fiche de paie ne donne pas la fiche de poste. Ici, c'est le même statut, oui, mais pas le même travail."
Taclé par son ex-épouse
François de Rugy s'était déjà fait épinglé, par le passé, sur la question de l'égalité femmes-hommes ... par son ex-épouse. Lors du débat du débat de la primaire du 19 janvier, le candidat avait abordé la politique familiale. L'une de ses propositions phares : un congé paternité, débutant avant l'accouchement, pour préparer le futur papa à l'arrivée de son enfant. Une nécessité selon lui pour "qu'il n'y ait pas que la maman qui s'occupe des enfants". Son ex-épouse, avec qui il a eu deux enfants, avait répondu du tac au tac sur Twitter : "100% ok, on commence quand?"
Un joli tacle qui laisse à penser qu'il y a encore du travail sur la planche...
#PrimaireLeDebat égalité femme homme FDR "qu'il n'y ait pas que la maman qui s'occupe des enfants "100% ok on commence quand? — Emmanuelle Bouchaud (@ebouchaud) 19 janvier 2017