Attentat de Nice : "Face à ce terrorisme de proximité, il faut renforcer la vigilance citoyenne"

Publié le 16 juillet 2016 à 17h24
Attentat de Nice : "Face à ce terrorisme de proximité, il faut renforcer la vigilance citoyenne"

ENTRETIEN - Fait relativement nouveau en France, le tueur de l'attaque de la Promenade des Anglais se serait "radicalisé très rapidement", selon Bernard Cazeneuve. Comment faire face à cette menace terroriste émergente en France ? La sénatrice de l'Orne Nathalie Goulet livre à Metronews quelques éléments de réponse.

L'enquête ne fait que commencer. Si à ce stade les motivations de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel restent floues, le profil du tueur de Nice commence peu à peu à se dessiner. Avant de foncer au volant d'un poids lourd sur la Promenade des Anglais bondée, ce Tunisien de 31 ans, inconnu des services, se serait radicalisé en quelques semaines. C’est "un attentat d’un type nouveau" qui "montre l’extrême difficulté de la lutte antiterroriste", a reconnu Bernard Cazeneuve, ce samedi.

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S'il reste à démontrer, le scénario d'un passage à l'acte d'un individu isolé, qui pourrait avoir agi seul, inquiète de plus en plus les spécialistes de la lutte contre le terrorisme. A-t-on les moyens de répondre à ce type de menaces émergentes ? Metronews a posé la question à la sénatrice UDI de l'Orne, Nathalie Goulet, qui a présidé la commission d'enquête sur les moyens de lutte contre les réseaux djihadistes en France. Voici ses éléments de réponse.

Un passage à l'acte "imprévisible"
"On ne pouvait rien faire. Cette catastrophe n'était pas prévisible. Daech se fait une spécialité de cibler ce genre de profils fragiles, désespérés. Mohamed Lahouaiej-Bouhlel était dépressif, pas vraiment religieux, il ne fréquentait pas la mosquée. Sur ce genre d'esprit faible, suicidaire, ça peut aller très vite. Et la créativité des criminels est sans limite. En revanche, je ne crois pas aux loups solitaires. A un moment ou à un autre, nous découvrirons des ramifications".

 Etudier ces cas
"Le FBI a mis en place une task force spécialisée dans l'étude de ce type de passage à l'acte. C'est une équipe d'environ 50 personnes, composée des meilleurs spécialistes (psychiatres, psychologues…), qui observent et étudient ces profils. Ce sont des gens suicidaires, et le déclenchement du passage à l'acte peut être extrêmement rapide. Yassinne Salhi [l'auteur de l'attentat de l'Isère en juin 2015, ndlr] avait lui aussi ce type de profil. C'est relativement neuf en France, mais il y en aura d'autres".

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Renforcer la vigilance citoyenne
"Je ne suis pas pour la surenchère répressive. D'abord, il faut d'abord remplumer le renseignement territorial, renforcer le maillage territorial. Face à ce nouveau terrorisme de proximité, il faut renforcer la vigilance citoyenne. Nous sommes de plus en plus sensibles aux signaux faibles : pourquoi ne pas s'inspirer du système américain de surveillance citoyenne, comme le 'if you see something, say something' [un numéro de téléphone qui permet de signaler rapidement quelque chose de suspicieux, ndlr]. Et il faudrait encourager l'utilisation du numéro vert de l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) [qui permet de signaler la radicalisation d'un proche, ndlr]". Il s'agit du 0.800.005.696.

Faire avec ce que l'on a
"Nous n'avons pas besoin d'un concours Lépine des meilleures idées en matière de lutte contre le terrorisme. Il faut faire avec ce que l'on a. Améliorer nos différents dispositifs de lutte contre le terrorisme dans la durée. Notre système juridique est bien fait. Encore faudrait-il qu'il soit appliqué, et que de l'argent y soit injecté".

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La rédaction de TF1info

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