Brexit : ces présidents français qui ont tout misé sur un référendum

Publié le 29 juin 2016 à 15h37
Brexit : ces présidents français qui ont tout misé sur un référendum

ARCHIVES - Comme David Cameron, des chefs d’Etat français ont engagé leur mandat sur des référendums au cours des dernières décennies. Un dernier coup de poker dans un contexte politique souvent difficile. Quand le peuple détrône son président à coup de "non".

S’il admet regretter le résultat du Brexit, David Cameron a affirmé ne pas regretter d’avoir organisé le référendum, lors de son dernier sommet européen à Bruxelles. Pourtant, en annonçant la tenue de ce scrutin en 2015, le Premier ministre britannique fraîchement réélu aux législatives par la majorité absolue au Parlement, se tire une balle dans le pied.

2015 : Cameron fait campagne pour un référendum... qui le plombera
En campagne, David Cameron promettait de limiter l’immigration et de redresser l’économie. Pour cela, il a annoncé l'organisation d'un référendum permettant aux Britanniques de statuer eux-mêmes sur l’avenir du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne.

Le Premier ministre britannique a joué gros en organisant ce référendum de la dernière chance. On connaît aujourd'hui le résultat : il devra céder sa place d'ici septembre. Contacté par metronews, Marc Crapez, chercheur en sciences politiques, estime que "faute d’avoir honoré sa promesse de réguler les flux migratoires, David Cameron s'est dit qu’il ferait diversion en donnant un os à ronger". Le voilà pris à son propre piège.

► 1969 : De Gaulle engage son mandat sur un référendum
Mais cette stratégie du référendum du "tout pour le tout" est presque un vieil adage politique. Le 27 avril 1969, à minuit dix, De Gaulle annonce sa démission. Lui, le premier président de la République élu au suffrage universel direct, quitte ses fonctions après avoir engagé son mandat sur le référendum relatif à la création des régions et la rénovation du Sénat.

Comme souvent dans ces cas-là, le débat porte en réalité sur le maintien du Général de Gaulle au pouvoir. Plus de 52 % des Français s’y opposent. Au total, quatre référendums ont été organisés sous sa présidence. Pour lui, dont le mandat durait sept ans, organiser ce scrutin revenait à s’assurer qu’il jouissait toujours de la confiance de la majorité des Français.


Le Général de Gaulle, le 27 avril 1969, continue à faire campagne auprès des Français. 
Le Général de Gaulle, le 27 avril 1969, continue à faire campagne auprès des Français.  - SIPA

► 2005 : Chirac essuie le deuxième "non" de l’Histoire
En 2005, Jacques Chirac organise un référendum sur la ratification du traité établissant une Constitution pour l'Europe et se frotte au refus de plus de 54 % des Français. Pour la deuxième fois de l’histoire de la Ve République, le "non" l’emporte. Une grande partie des débats se focalisant sur le bilan de la politique du gouvernement, le président renvoie son Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et nomme un nouveau gouvernement sous l'autorité de l'ancien ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin. Contrairement à De Gaulle, Jacques Chirac reste en fonction.

François Hollande, à l’époque Premier secrétaire PS, "regrette" le "non" du peuple et Nicolas Sarkozy, alors président de l’UMP, commence à se positionner pour la présidentielle de 2007. Selon le politologue, De Gaulle, Chirac et Cameron ont eu "l'assurance des gouvernants détenteur de la puissance étatique, qui permettait jadis d'influer sur les résultats. Mais aujourd'hui, le référendum a un effet boomerang".


Jacques Chirac le 29 mai 2005, s'adresse aux Français après la victoire du "non". 
Jacques Chirac le 29 mai 2005, s'adresse aux Français après la victoire du "non".  - FRANCE EU REFERENDUM

Neuf référendums, tous commandés par les chefs d’Etat, ont été organisés en France depuis l’adoption de la constitution de 1958. Seulement deux ont débouché sur un "non". Au Royaume-Uni, un premier référendum sur l’appartenance du pays à l’UE avait été organisé en 1975 sous la bannière d'Harold Wilson. Le "oui" l’avait alors emporté.

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La rédaction de TF1info

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