Bruno Le Roux : "Ayrault doit rester à Matignon"

Publié le 23 janvier 2014 à 19h13
 Bruno Le Roux : "Ayrault doit rester à Matignon"

INTERVIEW – Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, était l'invité du rendez-vous politique des Indés Radios, metronews et LCI. Il revient sur le non-cumul des mandats, dévoile ses ambitions politiques et réaffirme son soutien au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.

NON-CUMUL DES MANDATS

Votre homologue du Sénat, François Rebsamen, s'est démarqué à plusieurs reprises de l'orientation présidentielle, notamment sur non-cumul des mandats. Pas vous. Sa parole est-elle plus libre que la votre ?
Je ne suis pas partisan du rapport de force avec l'exécutif. J'ai suffisamment de discussions sur le fond avec lui pour faire avancer les choses. Ma responsabilité, c'est que le président et le gouvernement aient une majorité. Et elle ne leur a jamais manqué. Sur le cumul des mandats, un certain nombre de sénateurs socialistes ont été dans un comportement plutôt archaïque en voulant s'extraire de cette réforme. Cela fait apparaître une nouvelle fois le Sénat comme réfractaire aux avancées démocratiques. Depuis plusieurs mois le Sénat se fait beaucoup de torts à lui-même. Et je le regrette.

Pensez-vous parfois à la fonction ministérielle ?
Quand on fait de la politique, on ne peut pas dire qu'on ne veut pas être ministre mais j'aimerais être dans le gouvernement du deuxième quinquennat de François Hollande. Je me projette aujourd'hui comme peut-être l'un des premiers à dire: "j'accepte d'être là pendant cinq ans et je fais le pari de la réélection de François Hollande".

REMANIEMENT ET MAJORITE PRESIDENTIELLE

Avant un prochain quinquennat, il y aura peut-être un remaniement... Vous y croyez ?
Je souhaite au Premier ministre de faire un quinquennat complet car cela voudrait dire que nous avons marqué par des résultats l'action que nous menons depuis dix-huit mois. Il y aura de toutes façons un rendez-vous d'analyse de ces résultats après les élections territoriales. C'est-à-dire mi-2015, pour préparer la fin du quinquennat.

Avec le pacte de responsabilité, on a le sentiment que le président a amorcé une sorte de recomposition de sa majorité, quitte à acter la rupture définitive avec la gauche de la gauche...
Sur le pacte de responsabilité, le président a dit que la responsabilité du gouvernement serait engagée. Ces députés disent qu'ils voteront contre la confiance du gouvernement. Quand on vote contre la confiance, on ne peut pas être considéré dans la majorité. Ces derniers mois, je n'ai d'ailleurs pas considéré que le Front de gauche était dans la majorité.

FISCALITE

Jean-Marc Ayrault a lancé en fin d'année dernière le chantier d'une remise à plat de la fiscalité. Aujourd'hui, on ne parle plus de cette grande réforme...
Parce qu'on y travaille. Le Premier ministre a demandé à ce que l'on désigne les parlementaires pour travailler sur la réforme de la fiscalité des entreprises et celles des ménages. Nous devons arriver à des décisions dès la présentation du projet de loi de Finances 2015. J'ai mis en place à l’Assemblée six groupes de travail au sein du groupe socialiste correspondant à la fiscalité, aux chantiers de la décentralisation, de la fin de vie, pour faire des propositions et ne pas attendre que le gouvernement nous donne une copie sur laquelle nous devrions nous prononcer.

Des conseillers de l'Elysée ont évoqué des baisses d'impôts pour 2015. Puis il y a eu un rétropédalage. Vous-même, vous avez appelé à une baisse d'impôts. Est-ce que vous rétropédalez aussi sur cette question?
Je ne rétropédale pas. Le gouvernement a été prudent sur ses hypothèses de croissance de 0,9% pour 2014. Le ministre de l'Economie annonce lui-même qu'il peut y avoir une croissance supplémentaire à 1%, 1,1%. J'espère un petit peu plus. S'il y a une croissance supérieure à ce qui est prévu, elle ne devra pas être affectée à la réduction des déficits. Nous faisons déjà beaucoup en ce sens. Elle doit être en partie consacrée à la baisse de fiscalité des ménages et notamment des ménages les plus modestes. C'est une préoccupation essentielle pour le groupe parlementaire que je dirige.

Les contours du pacte de responsabilité apparaissent encore assez flous...
Le président de la République a donné une date : le printemps prochain avec la conférence sociale pour arrêter le pacte de responsabilité. Ce que je veux dire au patronat, c'est qu'il doit y avoir une contrepartie qui passe par un engagement sur un chiffre. Il faut que les chefs d'entreprise changent de discours et qu'ils disent la réalité, c'est-à-dire que la compétitivité est prise en compte aujourd’hui.

Le patronat n'en fait pas assez dans le déclaratif et dans les faits ?
Je trouve M. Gattaz (président du Medef, ndlr) un peu en retrait aujourd’hui sur ces questions. Je pense qu'il devrait avoir plus d'entrain à se mettre autour de la table. Les PME ont aujourd'hui un discours très positif par rapport de ce qu'elles pourraient apporter dans le cadre d'un pacte de responsabilité.

VIRAGE SOCIAL-DEMOCRATE

Les récents discours de François Hollande ont été apparentés à un virage social-démocrate. Y souscrivez-vous ?
Pour moi, il n'y a pas eu de virage. On me posait déjà cette question pendant la campagne présidentielle. Généralement, les programmes des candidats socialistes ne commençaient pas par des mesures en faveur des entreprises mais face au niveau de chômage, la perte de compétitivité des entreprises, il fallait retrouver le chemin de l'emploi et de la croissance.

Donc, vous êtes président d'un groupe social-démocrate ?
Oui, je suis le président social-démocrate, d'un groupe social-démocrate à l'Assemblée nationale.

Certains ne se retrouveront sans doute pas dans cette définition...
Très peu. J'ai quelques députés qui peuvent se sentir mal à l'aise avec ce qualificatif.

LE STATUT DE LA PREMIERE DAME

Que vous inspire la situation de Valérie Trierweiler ?
Rien. Cela reste une affaire totalement privée.

Certains proposent d'abolir le statut de la première dame. Qu'en pensez-vous ?
Il n'y a pas de statut de la première dame en France. Il ne peut y avoir de représentation officielle à travers elle. Le président de la République a lui-même dit qu'il fallait limiter les activités publiques de la compagne du président. Je crois qu'il a raison.

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La rédaction de TF1info

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