Crise à l'UMP : la nébuleuse Bygmalion à la loupe

Publié le 27 mai 2014 à 15h27
Crise à l'UMP : la nébuleuse Bygmalion à la loupe

AFFAIRES - Jean-François Copé a été poussé mardi à la démission face à la proliférante affaire de fausses factures Bygmalion. Une agence aux multiples filiales et aux clients récurrents. Explications.

"Notre savoir-faire : construire, gérer, protéger et valoriser l'image des personnes et des marques." Le slogan inscrit sur son site Internet résume en quelques mots le cœur de métier de Bygmalion. Pourtant, c'est bien l'image de cette agence de communication qui est ternie ces dernières semaines, au fil des révélations ayant conduit à la chute de Jean-François Copé ce mardi.

En cause, la proximité de l'ex-patron de l'UMP avec les deux dirigeants de Bygmalion depuis 2008. Bastien Millot fut en effet son directeur de cabinet à Meaux et Guy Alvès fut son chef de cabinet à Bercy, lorsqu'il était ministre délégué au Budget, entre 2004 et 2007. Des liens qui apparaîtraient en filigrane à tous les étages de la "fusée Bygmalion". Car la petite société possède plusieurs filiales qui, pour la plupart, auraient collaboré avec la galaxie Copé. Première d'entre elles, Edition, devenue Event&Cie. Sa spécialité ? L'événementiel. Et plus particulièrement, celui de l'UMP.

Bygmalion et ses satellites

Dans une enquête publiée lundi, Le Point affirme en effet qu'en 2012, "année de la présidentielle, 95 % des rentrées d'argent d'Event & Cie ont été assurées par un seul et même client, l'UMP". L'hebdomadaire assure avoir "retrouvé trace de 13 virements pour un total de 21,5 millions d'euros, auxquels s'ajoutent plus de 2 millions réglés par chèque". Des sommes qui auraient financé de nombreux meetings et pour lesquels la filiale aurait eu recours à Léni. Une société de location de matériel informatique assurant le service de vidéoprojection des meetings de Nicolas Sarkozy pour toute sa campagne – sauf le grand raout de Villepinte. Cette entreprise a vu rentrer dans son capital Audacia, une société dont est actionnaire Charles Beigbeder. Selon Le Point, en 2012, "Léni a empoché à elle seule près de 4 millions d'euros, pour assurer le son et la vidéoprojection lors des meetings du candidat Sarkozy."

Outre Event&Cie, Bygmalion dispose de plusieurs satellites. Notamment Doxeo, un organisme de formation dédié à l’accompagnement des dirigeants d’entreprises et personnalités publiques dans leur communication", selon son site. L'entité Ideepole, elle, se charge de formation continue alors que Bygmalion TV produit des spots télévisuels. Sur Internet, l'agence précise que 60% de ses clients proviennent du privé, contre 30% dans le public et 10% dans le sport ou le monde artistique. Aucun nom n'apparait mais la plupart seraient étiquetés à droite.

Le site de Génération France

Bygmalion a notamment réalisé le site Internet de Génération France, le micro-parti de Jean-François Copé. Le cabinet médical de ce dernier aurait également sollicité la société selon le Nouvel Obs , au même titre que l'office de tourisme de Provins, dont le maire est Christian Jacob, chef du groupe UMP à l'Assemblée nationale. En 2008, la filiale Edition avait d'ailleurs réalisé des plaquettes personnalisées pour chacun des 320 députés UMP. Selon l'Obs, "la facture est réglée grâce à la dotation parlementaire du président du groupe UMP à l'Assemblée nationale : Jean-François Copé."

Si sa petite entreprise ne connaît pas la crise, Bastien Millot a préféré quitter le navire. Depuis le 31 août 2013, celui qui est toujours propriétaire de 23,7% de Bygmalion, cherche à revendre ses parts. En vain.


Thomas GUIEN

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